Et pourtant cela respire l'intelligence...
Et voilà donc la circulation alternée instaurée à Paris. 22 euros d'amende à la clé pour les récalcitrants. Ca rale dans les chaumières. Il faut le rappeler: le secteur des transports constitue le premier émetteur de particules fines en France. Mais ce ne sont pas les particuliers qui sont en premier ligne. Et il reste vraiment beaucoup à faire pour changer les mentalités.
Les voitures Diesel causent un tiers des rejets de PM10 et de PM2,5 sur les routes. En 2012 en France, 4,5 millions de véhicules diesel étaient équipés en filtres à particules, soit seulement 23,8% du parc diesel en circulation. Les poids lourds dont la durée de vie est plus longue restent très peu équipés en filtre à particules. Voilà la réalité du parc automobile. Quand on y regarde de près, les Parisiens utilisent moins leur voiture. L'Autolib est passée par là sans oublier le Vélib. Le co-voiturage gagne aussi-un peu- de terrain. Et puis tout simplement circuler dans Paris devient difficile. Nous perdons une année de notre vie à nous garer donc autant gagner du temps. Notre société n'a simplement pas encore trouvé les moyens de transporter autrement ses marchandises. Ou n'a pas voulu. C'est bien là que le bât blesse. Quand je regarde la liste des dérogations à la circulation alternée j'ai envie de sourire. Elle est plus longue que les courses d'hiver de ma grand-mère. Du Véhicule peu polluant (logique) à ceux transportant 3 personnes en passant par les camionnettes,les bennes, les transports en communs, les approvisionnements des marchés, des commerces d'alimentation, j'en passe et des meilleures, les dépanneuses, le SAMU (évidemment). Et vers la fin les titulaires de la carte de presse et les transports funéraires. N'y voyez aucun lien de cause à effet. Quand j'interroge les grands noms du transport tous disent se tourner vers des véhicules plus propres voire de l'électrique. Les contraintes en centre-villes les y poussent. Certaines municipalités commencent à interdire l'accès aux thermiques. Mais leur flotte est infime au regard de la totalité des véhicules encore polluants. Et pendant ce temps les dossiers "écotaxe" et "fiscalité du diesel" sont au point mort. Le CCFA, le comité des constructeurs français d'automobiles me rassure en affirmant qu'avec le regain des moteurs essence et le passage à Euro 6, le parc se rééquilibrera en 2020 à 50% de véhicules Diesel et 50% de véhicules essence". Bon, me direz-vous 2020, c'est demain.
Changer de modèle
Il n'y a pas que les transports. Avez-vous entendu beaucoup les grands noms de l'agriculture et de l'industrie ? La part de l’agriculture dans les émissions de particules fines est passée de 11 % en 1990 à 20 % en 2012 et celle de l’industrie de 24 à 31 %. En creusant un peu j'ai découvert que le ministère de l'Agriculture avait recommandé ces derniers jours aux agriculteurs de "restreindre ou reporter" les épandages d'engrais et les travaux au sol. "selon les niveaux de pollution aux microparticules, des interdictions d'écobuage ou de brûlage à l'air libre des sous-produits agricoles ont été ou seront le cas échéant prises par les préfets en fonction des situations locales."
Mais au final, nous continuons encore à utiliser les mêmes produits. Pour ce qui est de l'industrie, je cherche encore des mesures. J'oubliais aussi le chauffage au bois. Sus aux foyers ouverts. Pour vous rassurer ils seront bientôt interdits à Paris. Là nous avançons à grand pas! Ne soyez pas vache, il y a un plan particules lancé en 2010. Il prévoit des mesures pour atteindre une baisse de 30 % des particules à l’horizon 2015 dans les secteurs de l’industrie, du chauffage domestique et tertiaire, des transports et de l’agriculture. Les chiffres tendent à prouver le contraire. Tout le monde est unanime pour dire que c'est un problème de santé publique. Aggravation de l'asthme, atteinte du système immunitaire, diminution de la fonction respiratoire, cancer du poumon, maladies vasculaires... Tout pousserait donc à bousculer nos modèles. Mais sûrement pas encore nos petites habitudes. Et pourquoi ne pas travailler autrement ? Le télé-travail apparait comme une solution d'avenir. Ce n'est pas la seule. Mais beaucoup-trop?- préfèrent encore mettre un mouchoir dessus...