Proportionnel ou progressif ?
Ce sont les mots clés de la réforme fiscale, on les balance comme des évidences, alors qu’il faudrait concentrer là-dessus tous les efforts de pédagogie
Proportionnel ou progressif ? C’est une vision du monde qui se cache derrière ces deux adjectif
Proportionnel : c’est le rêve des libéraux, autrement appelée Flat Tax. Un taux, unique, pour tous les revenus quels qu’ils soient. C’est finalement le principe de la TVA. Et de même qu’avec la TVA plus vous consommez, plus vous payez d’impôts, avec l’impôt proportionnel, plus vous gagnez, plus vous payez.
Mettons le curseur à 10%, pour faire simple, vous payez 100 si vous gagnez 1000, 1000 si vous gagnez 10.000 etc…
Progressif : c’est l’impôt correcteur (vous remarquerez que dans une volonté centristo-pédagogique, je ne dis pas l’impôt qui punit), on fait des barêmes, le pourcentage s’élève à mesure que s’élève le revenu. Là encore, pour faire simple, 0% sur une tranche de 1 à 1000 de revenu, 10% de 1.000 à 10.000, 20% de 10.000 à 50.000 etc…
Vous voyez l’implication considérable de ces deux petits adjectifs. Proportionnel, c’est le slogan de Guizot, 1840, « enrichissez-vous », sans craindre l’assaut fiscal. Slogan dont on se garde bien de citer la suite : « enrichissez-vous, améliorez la condition morale et matérielle de notre France » (pour être honnête, plusieurs versions existent, j’ai choisi celle qui portait le mieux mon propos). L’idée que c’est par la croissance mécanique des revenus que gonfleront les recettes fiscales. Dans cette logique d’ailleurs, l’Etat doit tout faire pour développer la création de richesse, puisqu’il en reçoit une fraction.
Progressif, c’est l’idée de justice, il est normal que ceux qui gagnent plus contribuent davantage au bien commun, qui, d’ailleurs, est souvent à l’origine de leur fortune. L’idée aussi d’un corps social qui doit, pour garder sa cohésion, corriger à la marge les inégalités créées par les circonstances, les hasards de la vie, l’histoire, les familles etc…
Je vous laisse choisir, mais dans les faits, on voit un impôt proportionnel (CSG) que personne ne conteste, et un impôt progressif (impôt sur le revenu) qui concentre toutes les rancœurs. Un impôt proportionnel dont le rendement ne cesse de croitre, un impôt progressif dont le rendement ne cesse de baisser.
Mais je vous laisse choisir …