Pourquoi le redressement productif m'inquiète
Allez, fini de rire. C’est l’heure de parler sérieusement de choses sérieuses. Voilà pourquoi le redressement productif est inquiétant.
L'industrie n'a pas forcément besoin d'un super héros
Baisse globale du coût du travail par un transfert de cotisation (vous voyez que je ne veux pas provoquer, je ne parle pas de charges), définitions de contrats de travail qui permettent de mieux épouser les cycles industriels, approfondissement du dialogue social à travers un partenariat permanent avec les organisations syndicales. Rénover les programmes de formation permanente pour offrir des perspectives attirantes aux plus jeunes. Laisser à l’entreprise ses marges d’investissement, elles seules peuvent nourrir l’innovation. Réintroduire dans la législation fiscale des dispositifs favorisant l’épargne longue. Enfin, pression sur les parties prenantes (terme un peu pompeux, l’ensemble de ceux qui sont concernés par l’implantation industrielle, collectivités locales, groupes de pression environnementaux, etc.) pour en finir avec les recours systématiques dès que l’on veut pousser un mur.
Cela n’a rien d’une épopée. J’entends ce que disent ceux qui défendent Montebourg: son poids politique lui permettra de faire bouger les lignes! Oui, mais dans quel sens? Regardez le programme: Transformer le monde du travail et redonner du pouvoir d’achat aux Français en répartissant mieux les profits de l’entreprise, alors que c’est d’abord vers l’investissement qu’il faut fiscalement les orienter, ces profits. Partenariat industriel avec l’Allemagne, "il définirait 20 secteurs dans lesquels nous avons un intérêt industriel commun et mettre en place des partenariats pour relancer l’innovation que chaque Etat n’arrive pas à soutenir seul". Outre le côté baroque d’une Allemagne qui ne nous demande rien, c’est bien le contraire qu’il faut faire. Partir du terrain. Regarder ce que nous avons d’excellent et se mettre à l’écoute des industriels.
Un programme qui n'a rien à voir avec les enjeux du moment
Il ne s’agit pas de "stopper la désindustrialisation", c’est un contresens total, il faut au contraire finir de détruire les Petroplus, Lejaby et autres boulets pour construire la nouvelle industrie, des entreprises qui sont par essence construites sur le monde, inventent leurs propres activités et leurs propres métiers. Vouloir les "protéger" c’est prendre le risque de les couper des marchés de croissance. Ils ne sont pas en Europe, et n’y seront pas avant longtemps.
Guy Maugis, le patron de Bosch en France, disait très simplement en début de semaine: "vous savez, ceux qui investissent dans l’industrie ont besoin de stabilité, stabilité fiscale et sociale." Il parlait au nom d’un groupe non coté qui fait 50 milliards d'euros de chiffre d’affaires, 3 milliards en France, emploie plus de 8000 personnes dans notre pays, grandit en silence sans rien demander à personne.
Les tambours du "redressement productif" pourraient bien effrayer ces paisibles investisseurs.