S'il te plait, dessine-moi l'avenir...mais en rose...
J'ai eu la chance cette année de faire partie des journalistes qui ont le privilège d'assister aux Entretiens de Combloux. En dehors du grand plaisir de se retrouver entre collègues, d'échanger autour des médias et de profiter d'un moment hors pair au pied du Mont Blanc, j'ai pu remettre mes pendules à l'heure sur les enjeux énergétiques et climatiques de demain. Et franchement cela me donne plus que jamais envie de vous en parler.
La crise que nous traversons est énergétique. Jean-Marc Jancovici, l'inventeur du bilan carbone et fondateur du cabinet de conseil Carbone 4 en est convaincu. Il l'a rappelé: l'énergie est ce qui organise le monde. Chaque homme commande des machines qui usent de l'énergie. Nous avons gagné en productivité et en puissance avec l'industrialisation: en équivalent énergétique, il nous faudrait 200 "esclaves" par personne pour satisfaire nos besoins. Nous ne pouvons donc pas avoir de PIB sans énergie. Et c'est bien là que le bât blesse. Nos ressources s'épuisent. Yves Mathieu, ancien ingénieur de recherche à l'IFP nous a rappelé qu'il nous reste une quarantaine d'années de pétrole. Le pic devrait être atteint en 2015 (c'est demain), celui du gaz en 2025 et celui du charbon en 2030. Et pourquoi dans toutes les données économiques n'établit-on aucun lien entre notre croissance et ce qui nous aide à croître: l'énergie ? Dans le même temps les émissions de CO2 ont doublé en quelques années. Hervé Le Treut climatologue rappelle que pour ne pas dépasser les 2 degrés de hausse globale de la température qui reste un seuil acceptable, il faut impérativement faire décroître le CO2 rapidement. Or le taux de carbone n'a jamais été aussi élevé. Faut-il donc arrêter la machine ? Ne plus consommer ? Ne plus faire fabriquer ces smartphones en Asie ? Mais évidemment perdre en pouvoir d'achat et en salaire... Croissance et préservation de la planète seraient-ils donc antinomiques ?
Des non conventionnels à tout prix ?
Vous commencez à vous sentir sensiblement inquiet, moi aussi je vous l'avoue. Car j'entrevois un casse-tête. Il est clair que nous devons aller vers une économie décarbonée. Les énergies renouvelables sont une solution mais sûrement pas la seule. Le nucléaire fait débat. Jean-Pierre Pervés, ancien président du CEA nous a montré ses atouts en termes d'énergie: un gramme d'uranium, c'est l'équivalent d'une tonne de pétrole. Pour lui, le traitement des déchets est sécurisé mais le sujet reste sensible. Difficile de rester totalement neutre. Et les gaz et pétrole de schiste ? Bon nombre de pays se lancent, la France opte pour le refus. Les méthodes utilisées ne sont pas nocives, avancent les spécialistes. Mais quid des gélifiants qui facilitent la viscosité de l'eau et qui remontent ensuite à la surface sans parler des inquiétudes avancées sur la fragilisation des sols ? J'avoue là encore que je tâtonne.
Vous allez me dire que je ne sors pas très optimiste de ce week-end d'informations: je suis sûrement soucieuse. Nous allons indéniablement vers une crise grave si nous ne faisons rien. Il est clair que les modèles doivent évoluer et qu'une impulsion doit être donnée. Une certitude: ces sujets d'énergie et de climat sont centraux. Et qu'il ne faut plus les négliger. Si chacun pouvait en être davantage conscient, la donne changerait...Sans idéalisme.