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Pétrole: l'accord de l'Opep fait remonter le cours

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- - JOE KLAMAR / AFP

L'Opep et ses alliés ont scellé cette semaine un accord pour abaisser leur production de pétrole au cours des six prochains mois

L'accord a été scellé ce vendredi à Vienne. L'Opep et ses alliés menés par la Russie sont finalement tombés d'accord pour abaisser leur production d'1,2 million de barils par jour pour les six prochains mois. Un accord qui a fait remonter les cours du pétrole, au risque d'irriter le président américain.

Cet objectif, attendu fébrilement par les marchés, sera réparti à hauteur de 800.000 barils quotidiens pour les quatorze pays de l'Opep et de 400.000 pour ses dix partenaires dont la Russie. Cette baisse correspond à un peu plus de 1% de la production mondiale. Objectif: rééquilibrer le marché, et enrayer la chute des cours qui ont dévissé de 30% en deux mois dans un contexte de surproduction chronique.

Les premiers effets sur les cours ne se sont pas faits attendre. Après une semaine difficile, au rythme des négociations délicates entre les producteurs, le prix du baril de Brent pour livraison en février s'est redressé, prenant 1,61 dollar, ou 2,68%, pour clôturer à 61,67 dollars. Le WTI américain pour livraison en janvier s'est apprécié pour sa part de 1,12 dollar, ou 2,18%, pour finir à 52,61 dollars.

La récente chute des prix était favorable aux consommateurs et bien perçue par le président Donald Trump qui veut ménager les automobilistes américains. Mais les grands exportateurs mondiaux dépendants des revenus pétroliers, au premier rang desquels l'Arabie saoudite et la Russie, espèrent renverser la tendance.

La baisse de la production «devrait aider le marché à atteindre un équilibre plus tôt», a assuré le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, dont le pays est le deuxième producteur mondial, reconnaissant que les discussions avaient été complexes. En effet, il aura fallu deux jours de réunions officielles entre les membres de l'Opep et leurs alliés pour trouver un accord. Les pourparlers butaient sur la répartition des quotas de baisse, chaque producteur réclamant des efforts à ses partenaires. La Russie estimait qu'il lui était difficile de réduire son offre en plein hiver, l'Arabie saoudite était elle confrontée à la pression américaine, à un moment où le royaume est affaibli par les répercussions diplomatiques de l'affaire Khashoggi. Donald Trump avait d'ailleurs réitéré ses exigences mercredi, réclamant le maintien de la production à un niveau élevé.

L'Iran, la Libye et le Venezuela exemptés

Trois pays ont par ailleurs été exemptés de la baisse de production: L'Iran, la Libye et le Venezuela. Trois pays dont les industries pétrolières souffrent de graves perturbations. «Ces exemptions signifient que tous les autres pays vont devoir faire un petit effort supplémentaire», a reconnu le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Souheil al-Mazrouei. Le président vénézuélien Nicolas Maduro s'est lui réjoui de cet accord. "Il va permettre la stabilisation des prix à un niveau juste, juste pour les producteurs, juste pour les consommateurs et juste pour l'économie en général".

Difficile de prédire si l'Opep et ses alliés, qui représentent plus de la moitié de l'offre, parviendront à inverser durablement l'évolution des cours, mais «une telle baisse de la production va resserrer l'équilibre du marché pétrolier à partir du troisième trimestre de 2019», ont estimé les analystes du cabinet de consultants Wood MacKenzie, groupe mondial de recherche et de conseil notamment dans le domaine de l'énergie.

L'équilibre entre offre et demande est difficile à atteindre. L'évolution de la situation sera donc surveillée de très près. L'Opep se réunira dès avril prochain pour évaluer l'effet de ces nouvelles baisses de production qui doivent entrer en vigueur en janvier prochain.

Sandrine Serais