BFM Business
Transports

Ryanair : La crise se prolonge

-

- - Emmanuel DUNAND / AFP

250 vols annulés... des dizaines de milliers de passagers bloqués dans les aéroports. Une nouvelle grève européenne a touché ce vendredi la compagnie aérienne à bas coûts. Les personnels de cabine et les pilotes réclament de meilleures conditions de travail. Un mouvement social historique.

La fièvre monte depuis près d'un an chez Ryanair. Cette fois, ce vendredi, la grève a été suivie dans 6 pays: Espagne, Portugal, Belgique, Pays Bas, Italie et Allemagne. Les syndicats réclament de meilleures conditions de travail, mais aussi et surtout, l'emploi de chaque salarié via un contrat relevant de son pays de résidence.

Actuellement, Ryanair emploie une bonne part de son personnel via des contrats de droit irlandais. Une pratique qui a valu à la compagnie un rappel à l'ordre de la Commissaire Européenne aux Affaires Sociales ce mercredi. Marianne Thyssen rappelle que "le respect du droit communautaire n'est pas quelque chose sur lequel les travailleurs devraient avoir à négocier".

La direction avait pourtant tenté d'éteindre l'incendie en signant dernièrement plusieurs accords avec des syndicats, notamment au Royaume-Uni, en Irlande et en Italie. Des accords portant sur des augmentations de salaire et améliorations des conditions de travail. En vain.

La grève de vendredi poursuit un mouvement social entamé cet été dans plusieurs pays européens. Depuis, l'image de la compagnie est écornée. Depuis juillet, le titre a perdu près de 20% à la bourse de Dublin. Cette grogne sociale profite à sa concurrente britannique EasyJet, qui a ajusté ce vendredi sa prévision de bénéfice annuel, estimant qu'il se situerait dans le haut de sa fourchette d'objectifs.

Depuis sa création en 1985, Ryanair a pourtant connu une croissance impressionnante. En 20 ans, elle est passée de la catégorie de petite compagnie aérienne ne volant qu'entre Londres et Dublin, à celle des plus gros transporteurs européens.

Ryanair de retour en France

Et la compagnie poursuit son développement. La compagnie devrait atterrir prochainement à Bordeaux et à Marseille. L'annonce a été faite cette semaine par le Directeur Général de la compagnie, Michael O'Leary. Les 2 bases devraient ouvrir d'ici l'été 2019 avec 2 Boeing 737. 16 nouvelles lignes seront créées à Marseille et 11 à Bordeaux. A la clé, 120 emplois directs qui devraient être établis... sous droit français.

Il s'agira d'une 2ème tentative pour Marseille. La compagnie avait déjà installé une base en 2007, mais avait dû la fermer 3 ans plus tard après avoir été accusée de travail dissimulé. Un conflit qui lui avait couté 200 000 euros d'amende et plus de 8 millions de dommages et interêts. 

Et Ryanair ne compte pas en rester là. Deux autres bases en France devraient être annoncées dans les prochains mois. D'ici à deux ans, Ryanair entend baser dans l'Hexagone une trentaine d'avions afin de doubler son trafic en France d'ici à 4 ans, à 20 millions de passagers.

D'ici là, Ryanair devra gérer la grogne du personnel. L'ETUC, collectif européen représentant 89 organisations syndicales, a apporté vendredi son soutien au mouvement. Il appelle Ryanair à s'engager "dans des négociations sérieuses".

Sandrine Serais