Commerce: les soldes divisent
Les différentes fédérations de commerçants sont divisées sur l’opportunité d’avancer les soldes d’une semaine.
Bercy décide de prendre le temps de réfléchir. Le ministère de l'Economie et des Finances a indiqué qu'il déciderait d'ici lundi de répondre favorablement ou non aux demandes de certaines unions de commerçants, qui voudraient avancer d'une semaine les soldes d'hiver pour compenser notamment les pertes liées au mouvement des gilets jaunes. « Nous consultons actuellement l'ensemble des associations des commerces indépendants pour connaître leur point de vue sur l'avancement de la date des soldes, et ensuite on avisera à partir des résultats de cette mini-consultation », a indiqué le ministère à l'AFP.
Le président de la Confédération des commerçants de France, Francis Palombi, avait suggéré cette semaine d'avancer la date du début des soldes au 2 janvier, au lieu du 9 comme prévu initialement, « compte tenu des circonstances exceptionnelles et de la grosse perte chez les indépendants, cela permettrait aux gens de revenir vers les magasins et moins sur internet, et ainsi recréer de la trésorerie pour passer l'orage ». Les multiples week-ends d'action ont fortement affecté les ventes pendant la période de fêtes, qui représente pour certains commerçants jusqu'à 50% du chiffre d'affaires annuel. Selon le Conseil national des centres commerciaux (CNCC), les cinq week-ends consécutifs de mauvaises ventes - du 17 novembre au 16 décembre - ont ainsi coûté 2 milliards d'euros au secteur du commerce. La secrétaire d'Etat à l'Economie, Agnès Pannier-Runacher, a elle-même estimé la semaine dernière que les manifestations des "gilets jaunes" ont entraîné un recul moyen de 25% du chiffre d'affaires dans le commerce.
On a bien assisté à une « mini-grève » de consommation, la FEVAD (Fédération de la vente à distance) démentant les anticipations d’un report massif sur le e-commerce, « nous ne constatons aucun effet particulier sur nos chiffres qui enregistrent la même croissance que les années précédentes, sans accélération particulière » avait dit François Momboisse, le président de la FEVAD sur BFM Business.
Opposition de la grande distribution
La situation est donc globalement préoccupante pour beaucoup d’entreprises de commerce dont la trésorerie était déjà fragilisée avant même la crise, du fait du ralentissement conjoncturel. Les stocks sont encore pleins, certains sont mêmes restés bloqués dans les entrepôts du fait des blocages routiers, et les mesures annoncées en faveur du pouvoir d’achat pourraient bénéficier à la consommation des ménages. Le gouvernement a déjà mis en place une cellule de veille économique pour des remboursements anticipés de TVA ou des délais sur les dernières échéances fiscales; dans ces conditions l’idée d’un rush commercial de « l’après noël » a évidemment du sens.
Mais l'avancement des soldes est loin de faire l'unanimité au sein des fédérations de commerçants, en particulier dans la grande distribution : « c'est une proposition impossible à mettre en oeuvre, pour des raisons pratiques. Il faudrait en effet, d'ici le 2 janvier, modifier toute la logistique et les transports prévus, refaire toutes les affiches, changer l'organisation interne", assure Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Le paradoxe c’est que les soldes semblaient en voie d’extinction. Après des soldes d'hiver 2018 décevants, le gouvernement avait décidé de réduire leur durée de six à quatre semaines, pour essayer de redynamiser cette période d'achats concurrencée notamment par l'essor du e-commerce, les ventes privées des grandes enseignes ou les journées de promotions comme le "Black Friday" fin novembre. Ils apparaissent maintenant à nouveau comme une bouée de sauvetage