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Uber lance sa procédure d'entrée en bourse

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- - JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Les premières indications de valorisation indiquent 100, voire 120 milliards de dollars

Dara Khosrowshahi avait prévenu dès son arrivée à la tête d'Uber en août 2017: il avait évoqué une introduction en Bourse au premier semestre 2019. La machine serait bien lancée selon le Wall Street Journal. La plateforme aurait discrètement lancé la procédure cette semaine. Une information qui intervient au lendemain d'une annonce similaire de la part du rival d'Uber, Lyft. Ce dernier a pris de vitesse son plus grand concurrent américain en lançant jeudi sa procédure pour son entrée en bourse. Lyft est valorisée autour de 15 milliards de dollars, loin derrière son rival Uber.

Si Uber s'est fait devancer sur l'annonce, l'entreprise compte bien être la première à faire son entrée sur les marchés. Selon le Wall Street Journal, Uber viserait une cotation au premier trimestre. Son rival Lyft viserait plutôt mars ou avril. Le Wall street Journal affirmait en octobre que les banques d'affaires Goldman Sachs et Morgan Stanley étaient pressenties pour être les principales conseillères d'Uber dans cette opération. Elles auraient présenté des propositions de valorisation dont l'une des plus optimistes avancerait 120 milliards de dollars de capitalisation boursière.

A plus de 100 milliards, le groupe crée en 2009 et basé à San Francisco, ferait l'objet de la plus grosse introduction en Bourse jamais enregistrée dans le secteur technologique. Et Uber vaudrait autant que General Motors, Ford et Fiat Chrysler Automobiles, soit les trois premiers constructeurs automobiles américains combinés.

Une entrée en Bourse d'une telle ampleur serait surtout une marque de confiance des investisseurs pour Dara Khosrowshahi, nommé il y a plus d'un an pour succéder au sulfureux fondateur Travis Kalanick. Ce dernier avait été poussé vers la sortie par des investisseurs inquiets des scandales. Le nouveau patron s'efforce désormais de redorer l'image d'Uber et d'assainir les comptes. Mais pour le moment, Uber a encore creusé ses pertes au troisième trimestre qui atteignent plus d'un milliard de dollars.

Un CA en hausse de 38% sur un an

Malgré ces pertes, le groupe a des atouts susceptibles d'attirer les investisseurs, en particulier une activité en plein boom: le chiffre d'affaires pour le 3e trimestre s'est élevé à 2,952 milliards de dollars, soit une hausse de 5,4% sur le trimestre précédent et de 38% sur douze mois. De façon générale, le secteur attire les investissements qui pourrait être multipliés par huit pour atteindre 285 milliards de dollars en 2030, selon une étude de Goldman Sachs publiée l'an dernier.

Uber mise également sur l'avenir, et la voiture autonome. Le groupe avait débuté les essais il y a plusieurs mois avant de les suspendre à la suite d'un accident mortel en Arizona. La société devrait reprendre prochainement ses essais en Pennsylvanie.

Les récentes turbulences sur les marchés boursiers dues aux tensions commerciales entre Washington et Pékin pourraient toutefois doucher l'enthousiasme suscité par Lyft et Uber. «Les baisses du marché signifient que le prix de l'offre sera plus bas. Mais il y a aussi un risque à attendre pour s'introduire en Bourse. Les marchés pourraient reculer encore davantage et les entreprises pourraient lever moins d'argent si elles attendaient plus longtemps», estime Jay Ritter, expert en IPO et professeur à l'Université de Floride.

Sandrine Serais