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Baisse des APL: "Il faut mieux cibler les aides au logement"

Henry Buzy-Cazaux réagit à la baisse des APL annoncée samedi par le gouvernement.

Henry Buzy-Cazaux réagit à la baisse des APL annoncée samedi par le gouvernement. - Pascal Pavani - AFP

L'annonce a provoqué un tollé. Les associations étudiantes dénoncent une mesure injuste. De son côté, Henry Buzy-Cazaux, qui a dirigé la Fnaim pendant près de 10 ans, estime que le système d'APL est inefficace et crée un effet pervers.

Le gouvernement veut réduire de 5 euros par mois et par foyer les aides personnalisées au logement (APL) touchées par 6,5 millions de Français, et ce dès le 1er octobre 2017. Une baisse qui, même modeste, soulève un tollé. Les organisations étudiantes ont été les premières à réagir, dénonçant une "mesure injuste".

Henry Buzy-Cazaux, président de l'Institut du Management des Services Immobiliers et dirigeant de la Fnaim pendant près dix ans, voit dans cette annonce un "bricolage d'urgence" face aux difficultés budgétaires de la France. Il fait aussi partie de ceux qui pensent que le système d'APL est inefficace et crée un effet pervers en faisant monter le prix des loyers.

Comment avez-vous réagi à l'annonce samedi de la baisse de 5 euros par mois des APL décidée par le gouvernement?

"C'est du bricolage d'urgence. Certes, une baisse de 5 euros par mois permet de générer près de 400 millions d'euros d'économies par an. Mais cette décision n'est pas à la mesure de la contribution que le gros budget du logement, qui équivaut à 2% du PIB, devra consentir. Je fais partie de ceux qui ne se voilent pas la face. Je vois une certaine absurdité à ces aides. Il y en a une en particulier dont je dénonce les effets pervers depuis 15 ans: c'est l'Allocation de logement sociale (ALS) pour étudiants. On sait très bien que dans les villes universitaires, où l'offre de logements de petites surfaces destinés aux étudiants est abondante, ce dispositif a entraîné une inflation du niveau général des loyers sur ces studios ou studettes à due proportion de l’aide publique.

À Montpellier ou à Paris, l'aide a été en grande partie récupérée par les propriétaires bailleurs. Sans être désagréable avec eux, l'aide publique n'est pas faite pour être neutralisée. Elle est distribuée grâce à nos impôts, donc en tant que citoyen je ne suis pas candidat à ce mécanisme pervers".

Pourquoi cette aide n'a-t-elle pas été supprimée? 

"Pour des raisons qui commencent à se poser avec l'APL. En fait, derrière cette population il y a un lobby, une crainte des politiques de voir les étudiants descendre dans la rue. Cela fait 15 ans que l'on dit qu'il faut s'interroger sur l'ALS étudiant. La question qu'il faut se poser pour l'APL est la suivante: est-on sûr que la baisse ou la suppression des aides pour telle catégorie d'allocataires fera baisser les loyers? Il faudrait supprimer toutes les aides d'un coup, brutalement... et encore. Le malade pourrait en outre mourir du retrait trop prompt de la perfusion.

Le problème est économique et social: certaines populations ne pourront pas attendre que l'effet -qui selon moi agirait mais à quelle vitesse?- se produise avant de pouvoir se loger. Imaginez s'il faut un an ou deux pour que les propriétaires réalisent qu'ayant moins de candidats à la location, ils doivent baisser les loyers... Toutes ces questions sont devenues perverses, on s'est encroûtés là-dedans".

Une baisse des APL peut-elle en cacher une autre?

"Je peux vous dire qu'on n'est pas au bout de nos peines. Je ne parlerai pas de suppression mais de...

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Julien Mouret