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Baisses de loyers: la demande de Macron "ne tient pas la route"

Les déclarations d'Emmanuel Macron suscitent de vives réactions.

Les déclarations d'Emmanuel Macron suscitent de vives réactions. - Yohan Valat - AFP

La dernière intervention du président de la République n'est pas passée inaperçue, suscitant la colère des associations de propriétaires immobiliers.

Les dernières déclarations d'Emmanuel Macron, qui appelle les propriétaires à baisser les loyers de 5 euros, ont suscité mardi de vives réactions chez les professionnels de l’immobilier, à commencer par l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI). Jean Perrin, son président, a critiqué la proposition du président de la République, qui est "proche de la démagogie". Son voeu "ne tient pas la route", et sur le plan légal, "l'avis d'un chef d'État ne peut faire changer les contrats de location qui sont déjà signés", nous a-t-il confié par téléphone.

L'UNPI estime en outre que cette annonce n'a pas été prise en concertation avec elle, ni avec ses propriétaires bailleurs adhérents. Surtout, "les loyers baissent depuis le début de l'année en France", comme vient de le confirmer l’Observatoire des loyers Clameur. La baisse est de 0,6% sur les huit premiers mois de 2017, ce qui en fait l'une des plus "mauvaises années" pour le marché locatif depuis 20 ans, selon l'association.

Emmanuel Macron ne fait que "rattraper son erreur" sur la baisse des APL en mettant cela "sur le dos des 2 millions de propriétaires bailleurs" en France, ajoute Jean Perrin. "Cet appel ne va pas enchanter les bailleurs les moins aisés, qui ont déjà baissé les loyers pour s'adapter au marché, et qui dans le même temps voient leurs taxes foncières augmenter", a ajouté l'association, appelant tous les propriétaires à "manifester et à résister". Selon elle, il y a des pistes pour faire baisser les loyers, comme l'allègement de la fiscalité.

"Je ne trouve pas ça très adroit, je ne pense pas que ce soit une méthode économique rompue", a commenté auprès de l'AFP Jean-François Buet, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), qui préconise une remise à plat des dispositifs d'aides. "Nous, on demande des états généraux du logement qui nous permettent d'avoir une vision plus globale, plus pragmatique et des solutions plus concertées", a-t-il assuré.

"Silence collectif"

De son côté, Michel Fréchet, président de la Confédération Générale du Logement (CGL), pense qu'il serait "logique que le président propose d'aller plus loin en sortant un décret demandant aux propriétaires de diminuer les loyers de 5 euros". En tout cas, le dirigeant est "curieux de voir combien de propriétaires baisseront effectivement leurs tarifs".

La CLCV considère pour sa part que "l’appel à la responsabilité collective ne constitue pas en soi une politique du logement". L'association de défense des consommateurs demande donc à Emmanuel Macron de "geler les loyers pour l’année 2018 et d’appliquer l’encadrement des loyers dans les 28 agglomérations concernées, seule solution efficace pour préserver le pouvoir d’achat des ménages".

À l'occasion d'un discours devant les préfets à l'Élysée, le président a appelé mardi "publiquement tous les propriétaires à baisser les loyers de 5 euros". Le chef de l'État s'est également dit "surpris du silence collectif" et de l'absence d'appel "aux bailleurs sociaux, aux propriétaires à baisser le prix du logement". "C'est cela la responsabilité collective", a insisté Emmanuel Macron. Cette demande au plus haut niveau fait suite à la polémique suscitée par la baisse uniforme de 5 euros des APL par foyer, annoncée le 22 juillet.

Julien Mouret