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L'achat de bordeaux en primeurs a été plombé par le confinement, mais cet investissement reste rentable

Le coronavirus a peut-être eu raison de la grand-messe annuelle des primeurs organisée chaque année à Bordeaux, mais le marché du vin résiste. Au point que certains crus pourraient encore constituer un investissement intéressant cette année.

Depuis des décennies des milliers de négociants, de courtiers et de dégustateurs ont pour habitude de se réunir en avril dans la capitale girondine pour négocier les prix de centaines d'appellations. Mais cette année, la campagne des primeurs a pris un tout autre tournant.

A cause de la pandémie, seules quelques centaines de personnes ont été autorisées à se réunir pour goûter, évaluer et négocier en amont le prix de près de 400 châteaux. Un rendez-vous manqué dont Angélique de Lencquesaing, directrice générale déléguée d'iDealwine, tient à relativiser les conséquences. Notamment pour les investisseurs désireux de se constituer une cave.

Sur BFM Business dans l'émission Intégrale Placements, la patronne du pionnier français des ventes de vin sur Internet, estime que, si le confinement a "marqué une parenthèse dans l’agenda des primeurs", il ne remet pas en cause la pérennité de ce principe qui consiste à acheter les vins et les millésimes les plus recherchés avant même qu’ils ne soient mis en bouteille et disponibles sur le marché.

"Le sujet est crucial pour la filière: la commercialisation des vins en primeur représente plus de la moitié des ventes à l’export", rappelle l'experte. C'est pourquoi "les propriétés rivalisent d’imagination pour faire déguster leur 2019".

La théorie du millésime en 9

Au-delà de la crise, la météo n'a pas été des plus clémentes l'an passé. Une météo "en dents de scie" qui a cependant donné lieu à "une bonne maturation des cabernets" et permis à certains vins de "conserver une belle fraîcheur et de l'élégance", poursuit Angélique de Lencquesaing.

"2019 est un millésime… en 9. Et les amateurs savent que 9 a parfois donné naissance à de grandes années. Certains vins rappellent les grandes réussites de 2009. En 9, vous avez aussi 1989… De là à professer que 2019 sera mythique, je ne suis pas en mesure de vous le dire. Ce qui est certain, c’est qu’il est manifestement réussi dans de nombreuses propriétés, notamment celles qui ont privilégié des extractions douces, une vinification délicate", poursuit la patronne d'iDealwine.

L'experte reconnaît également que si le contexte de commercialisation a largement été plombé par la crise et le confinement au niveau mondial, les répercussions du coronavirus s'observent également du côté des restaurants qui commencent tout juste à rouvrir leurs portes.

Trouver le juste prix

Malgré cela, "les niveaux de rendements (pour les investisseurs – NDLR) sont bons", assure l'experte. "Il y a du vin à vendre ! Certaines propriétés ont besoin de retrouver un peu de souffle après deux années de récolte amputées par le gel (2017) ou les maladies (2018)".

Compte tenu de la situation, certaines appellations ont décidé de réviser leurs prix à la baisse, parfois de manière drastique. C'est le cas par exemple du "Château Pontet Canet", poursuit Angélique de Lencquesaing, qui "a envoyé un signal fort en baissant son prix de sortie en primeur de 31%.".

"S’agissant des tarifs, les propriétés n’ont besoin de personne pour savoir combien il se révélera plus que jamais crucial de fixer leur prix de sortie en prenant en considération la situation de leurs différents marchés", présage l'experte. 

Reste à savoir si le fait d'investir dans le vin, demeure une bonne option. A cela, Angélique de Lencquesaing répond que l'année 2019 "pourrait se révéler une excellente opportunité". A condition toutefois de conserver à l'esprit "plusieurs considérations". A commencer par "le prix (…) mais aussi la rareté (relative) des vins, et leur capacité de garde", conclut-elle.

Julie Cohen-Heurton