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L'assurance-vie, un placement de moins en moins rentable

Le taux moyen des fonds en euros devrait être de 1,95%.

Le taux moyen des fonds en euros devrait être de 1,95%. - Joel Saget - AFP

Les assureurs tardent à dévoiler les taux exacts de rémunération de leurs fonds en euros. Seule certitude: rares seront les contrats d'assurance-vie à capital garanti offrant plus de 2% cette année.

L'assurance-vie en France devrait moins rapporter en 2016. La rémunération des fonds en euros, au capital garanti, est en moyenne attendue sous la barre des 2% et les assureurs jouant la prudence sous la pression des régulateurs face aux taux bas. "Le taux moyen des fonds en euros devrait être de 1,95%, soit environ 0,30 point de pourcentage de moins que l'an passé", a estimé auprès de l'AFP Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet d'études Fact and Figures.

Cette baisse était attendue, tous les acteurs du marché ayant prévenu que la modération serait de mise cette année. Pour autant, les assureurs tardent encore à divulguer les taux qui seront servis à leurs clients au titre de 2016. Jusqu'ici, Mutavie, la filiale dédiée de l'assureur mutualiste Macif, a annoncé des rendements compris entre 1,20% et 1,80%, tandis que, chez AG2R La Mondiale, ils se situeront entre 1,75% et 2,10%, en fonction du type de contrat. À chaque fois, ces taux accusent des baisses de quelques dixièmes de point de pourcentage par rapport à l'année précédente.

En 2015, les fonds en euros, au capital protégé, ont rapporté 2,27% en moyenne selon l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), le régulateur du secteur.

Contrats en unités de compte, plus rentables mais plus risqués

Pour compenser le repli de leur rendement, les assureurs poussent leurs clients à opter pour des contrats en unités de compte (UC), des placements qui peuvent rapporter davantage mais plus risqués car ils sont susceptibles d'entraîner une perte de capital. Pour éviter une érosion de son pouvoir d'achat, "l'épargnant doit diversifier ses placements sur des marchés à la fois plus volatils, mais aussi potentiellement plus rémunérateurs. C'est la fin du modèle de l'assurance vie 100% (en fonds) euros", a prévenu Philippe Michel Labrosse, directeur du Pôle Finance Épargne du groupe Macif, cité dans un communiqué.

À l'issue des onze premiers mois de 2016, les cotisations sur les unités de compte représentaient 20% des versements sur des contrats d'assurance vie, un niveau sensiblement équivalent à celui constaté un an auparavant. En revanche, ces UC représentaient fin novembre 77% de la collecte nette, c'est-à-dire la différence entre les versements et les retraits.

Les assureurs doivent, en outre, se méfier d'une éventuelle remontée brusque des taux obligataires. Car un tel mouvement signifierait une baisse de la valeur des obligations qu'ils ont en portefeuille et ils risqueraient de ne pas pouvoir faire face à des retraits massifs d'épargne de leurs assurés. La question est essentielle pour les compagnies. Les titres qu'elles acquièrent actuellement pour rémunérer les détenteurs de contrats d'assurance vie proposent de faibles rendements, très souvent inférieurs à ceux qu'ils servent en fin d'année.

"Les assureurs font face à un dilemme" 

Pour maintenir des taux attractifs, le secteur se repose sur les obligations entrées en portefeuille au cours des années précédentes avec des taux supérieurs et sur les réserves qu'ils ont pu mettre de côté par le passé. "Les assureurs font face à un dilemme entre la réduction des taux de rémunération aux assurés afin de protéger leurs marges" et leur maintien "pour protéger leur position sur le marché au détriment des marges", expliquait en novembre l'agence de notation Fitch Ratings. Un choix rendu encore plus corsé par les appels à la modération des régulateurs.

Les taux servis sur les contrats d'assurance vie "ont été réduits de 25 points de base (0,25 point de pourcentage, ndlr) en 2015 par rapport à l'année précédente. Cependant, cette baisse reste encore insuffisante", avertissait notamment en octobre le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et également président de l'ACPR.

D. L. avec AFP