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L'investissement éthique prend de l'ampleur en France

Les particuliers représentent moins de 20% des investisseurs socialement responsables.

Les particuliers représentent moins de 20% des investisseurs socialement responsables. - Thomas Coex - AFP

Selon une étude du cabinet spécialisé Novethic, l'investissement socialement responsable, qui respecte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, a augmenté de 31% en France en 2014.

Les adeptes du boursicotage éthique se multiplient. L'investissement socialement responsable (ISR) a repris de l'élan en 2014, les sommes placées dans cette catégorie augmentant de 31% en France l'an dernier pour atteindre 223 milliards d'euros, selon l'étude annuelle de l'institut de recherche Novethic publiée mercredi.

L'ISR répond à des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance qui dépassent la seule performance financière, comme les émissions de CO2 d'une entreprise, le taux d'accident de ses salariés ou la rémunération de ses dirigeants. Il est en forte progression depuis une dizaine d'année mais sa croissance avait marqué le pas en 2013 (+14%).

L'essor le plus récent de l'ISR est principalement le fait des investisseurs institutionnels, la part des particuliers dans ce marché passant en dessous de la barre de 20% en 2014 alors qu'ils représentaient près du tiers de la gestion ISR il y a 3 ans, souligne l'étude.

L'intégration plus large de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la gestion financière se renforce, remarque par ailleurs Novethic : elle était appliquée "de façon méthodique" sur 356 milliards d'euros fin 2014, soit 22% de plus qu'en 2013.

Les assureurs détiennent deux tiers de ces encours

De façon générale, "les moteurs de la croissance de l'investissement responsable français sont les assureurs, qui détiennent les deux tiers des encours", souligne le centre de recherche en relevant que 18% des placements financiers des sociétés d'assurance prennent maintenant en compte des critères ESG.

"Ils ont avancé sur ces sujets et commencent à donner le La", souligne à l'occasion de la présentation de l'étude Dominique Blanc, directeur de la recherche à Novethic. D'ailleurs, "l'ISR se diffuse chez les particuliers via les assureurs" et leurs produits d'assurance-vie respectant les critères ISR, qui représentent au moins 75 milliards d'euros, ajoute-t-il.

L'exclusion normative, qui consiste à refuser d'investir dans des entreprises commettant des violations graves et répétées des conventions internationales, prend aussi de l'ampleur: elle est désormais appliquée sur 1.952 milliards d'euros d'encours, soit 34% de plus que fin 2013.

Exclusion de l'armement et du tabac en hausse

Les actifs soumis à des exclusions sectorielles, en premier lieu les investissements dans les entreprises liées à l'amiante, au tabac et à l'armement, ont de leur côté augmenté de 33% en 2014 pour atteindre 583 milliards d'euros.

En termes de performance financière, investir dans l'ISR n'est "objectivement, ni un atout de performance ni un handicap", assure Anne-Catherine Husson-Traoré, directrice générale de Novethic. L'ISR est moins exposé à la question de la volatilité, remarque-t-elle. Mais la gestion des fonds ISR étant particulièrement active, "le rôle du gérant est plus crucial que dans d'autres types de démarche financière", souligne-t-elle.

A quelques mois de la tenue à Paris, en décembre, de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21), Novethic intégrait pour la première fois dans son enquête annuelle des éléments sur les financements verts. L'organisme a recensé un investissement total en France en 2014 de 3,8 milliards d'euros dans des fonds thématiques environnementaux, des "obligations vertes" ou des infrastructures de type énergies renouvelables ou traitement de l'eau.

N.G. avec AFP