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La dernière demeure de Picasso a enfin trouvé un acheteur

La demeure de Picasso est vendue

La demeure de Picasso est vendue - Christie's

Le peintre a vécu ses derniers jours dans cette villa des hauteurs de Mougins dans les Alpes-Maritimes. Depuis 1973, cet imposant mas peinait à se trouver une destinée. L'acheteur avait déjà tenté de l'acquérir en 2016, sans succès.

Un feuilleton à rebondissements pour une vente bien singulière. Le mas Picasso, la dernière demeure du peintre à Mougins (Alpes-Maritimes), a été adjugé jeudi pour un peu plus de 20 millions d'euros à un homme d'affaires d'origine sri-lankaise au cours d'une vente aux enchères tenue au tribunal de grande instance de Grasse.

La villa, qui a appartenu autrefois à la famille Guinness, a été achetée en 1961 par Pablo Picasso et sa femme Jacqueline Roque. Le peintre y vécut quasiment reclus. À la mort de l'artiste en 1973, son épouse y demeure jusqu'à sa propre mort en 1986. Une mort brutale: elle s'y suicide d'une balle dans la tête. Catherine Hutin-Blay, fille de Jacqueline Roque et belle-fille de l'artiste hérite du bien. Mais l'héritière préfère vivre au Château de Vauvenargues, dans les Bouches-du-Rhône, qui appartenait également à Picasso et où il est enterré aux côtés de sa femme. Volets clos, jardin à l'abandon, le mas, également surnommé "L'Antre du Minotaure", se délabre doucement. La propriété restera inoccupée pendant 21 ans.

En 2008, discrètement, elle est revendue. L'acquéreur serait un marchand d'art belge qui aurait déboursé 10 ou 12 millions d'euros pour s'offrir cette propriété en piètre état. Il aurait réalisé 10 millions d'euros de travaux pour rénover l'endroit. En 2013, son propriétaire tente de réaliser une colossale plus-value. Mais il est visiblement beaucoup trop gourmand. Il en réclame 170 millions d'euros.

Rayo Withanage n'a jamais finalisé l'acquisition

Alors que le bien finit par être mis aux enchères, le propriétaire étant défaillant, un homme d'affaire néo-zélandais d'origine sri-lankaise, Rayo Withanage fait, en décembre 2016, une offre qui interrompt le processus de vente. À Nice Matin, Me Maxime Van Rolleghem, l'avocat de la banque néerlandaise Achmea Bank, créancier de l'ex-propriétaire des lieux, racontait: "Le temps passant, nous avions réaffiché la vente pour le 8 juin mais M. Withanage n'est pas venu. La banque ayant elle-même porté une enchère pour 18,360 millions d'euros, M. Withanage a surenchéri dans les huit jours qui ont suivi. Mais l'acquisition n'a jamais été finalisée devant notaire". La maison a donc fait son retour sur le marché.

Ce jeudi 12 octobre, aucun autre enchérisseur ne s'étant présenté au tribunal, c'est donc cet homme d'affaires, à la tête de la société d'investissement immobilier BMB, fondée en 2004 avec un prince du riche État pétrolier de Brunei, qui a été nommé adjudicataire du bien.

L'histoire n'est pas finie car l'acquéreur a maintenant deux mois pour trouver les fonds nécessaires à son achat. "Rayo Withanage est propriétaire à compter de ce jour mais il doit encore payer le prix dans les deux mois", confirme Me Van Rolleghem. "Depuis un an, nous étions en discussion avec lui, il essaye de s'organiser pour l'acquérir mais sans réussir à réunir la somme, espérons qu'il va y arriver dans la dernière ligne droite", a ajouté Me Van Rolleghem.

Dans l'entourage du nouvel acquéreur, on indique ne pas savoir ce que le nouveau propriétaire va faire de ce bien, alors qu'un projet immobilier a été évoqué sur la base de la construction, avant même la vente, d'une nouvelle dalle de 600 m². "Une dalle a bien été posée, mais cela ne préjuge en rien de ce qui va être fait, cela peut servir à n'importe quoi", a-t-on assuré de même source.

Diane Lacaze avec AFP