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Retraite

Le très généreux cadeau fiscal du Portugal aux retraités français

Les retraités français pourront continuer d'aller couler des jours heureux au Portugal

Les retraités français pourront continuer d'aller couler des jours heureux au Portugal - Mychèle Daniau

Le Portugal a vu son gouvernement conservateur destitué par une coalition de partis de gauche, incluant des communistes. Un bouleversement qui ne remettra pas en cause le régime dont bénéficient les retraités européens et tricolores s'expatriant dans le pays.

Les retraités français qui avaient prévu de passer leurs vieux jours au Portugal doivent-ils trembler? Ce mardi 10 novembre le gouvernement conservateur de Pedro Passos Coelho a été renversé par une alliance de partis de gauche incluant le Parti socialiste, les écologistes, les communistes et le bloc de gauche anti-austérité.

Or, le gouvernement de Pedro Passos Coelho avait mis en place un régime fiscal très favorable pour inciter les retraités européens à venir séjourner au Portugal. Ainsi, depuis le 1er janvier 2013, tout retraité européen qui n'a pas habité plus de cinq dans ce pays avant de prendre sa retraite peut y passer ses vieux jours et être alors exonéré d'impôt sur sa pension. Pour cela, il doit également avoir le statut de non-résident dans son pays d'origine, c'est-à-dire justifier qu'il habite au moins 183 jours par an au Portugal. Enfin, il faut qu'il ait travaillé dans le privé. Les fonctionnaires restent, eux, imposables dans l'État qui les ont employés.

Devant le Maroc et la Thaïlande

Cette niche fiscale a eu pour effet d'attirer de plus en plus les retraités tricolores au Portugal. À tel point que selon le classement réalisé par retraite-etranger.fr au début d'année, le Portugal est arrivé en tête des destinations étrangères où les Français décident de passer leur retraite, devant la Thaïlande et le Maroc. De plus, 20.000 Français devraient débarquer en 2016, la grande majorité d'entre eux étant des retraités, selon le président de la Chambre de commerce et d'industrie franco-portugaise, Carlos Vinhas Pereira, cité par le JDD.

Mais est-ce que la chute du gouvernement de Pedro Passos Coelho et la probable arrivée d'un gouvernement de gauche plurielle peut tout remettre en cause en abrogeant le régime fiscal? "Il n'y a aucune raison de s'alarmer", répond Pascal Gonçalves, président de l'agence immobilière Casa em Portugal (Maison au Portugal), qui permet aux Français d'acheter et investir dans l'immobilier portugais.

Il souligne ainsi que le programme noué dimanche dernier entre les différents partis de gauche ne mentionne pas cette mesure. C'est même le PS portugais qui a été à l'origine du régime fiscal pour les retraités. "Le gouvernement socialiste l'avait voté en 2009, et c'est ensuite la droite qui l'a débloqué en 2013", explique-t-il en rappelant qu'Antonio Costa, l'actuel leader de ce bloc des partis de gauche, était déjà un membre actif du parti socialiste à l'époque.

Une manne de 100 millions d'euros par an

"C'est donc une mesure consensuelle, que ce soit à droite comme à gauche", poursuit-il. Mais qu'en est-il de l'extrême gauche? "Le parti communiste ne compte pas remettre en cause cette mesure. Pour eux l'important est que les travailleurs portugais gagnent davantage d'argent. Mais ils ne veulent pas qu'il y ait moins d'étrangers au Portugal", répond l'entrepreneur.

"Surtout qu'il n'y a aucune raison de revenir dessus puisqu'elle n'a aucun impact négatif". En effet, les retraités qui viennent s'établir au Portugal pour des raisons fiscales n'auraient de toute façon pas payé d'impôt si ce régime n'existait pas puisqu'ils seraient restés en France ou se seraient rendus dans un autre pays. "Les retombées sont au contraire positives puisqu'ils consomment une fois sur place", ajoute Pascal Gonçalves.

Les seuls Français bénéficiant du régime fiscal instauré en 2013 rapporteraient ainsi 100 millions d'euros au pays par an, selon les chiffres de la Chambre de commerce franco-portugaise cités par le JDD. Et Pascal Gonçalves de conclure qu'en matière de retraite, "la notion de frontière est de moins en moins importante".