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"Les Suisses reviennent en force acheter de la pierre en France"

Les acheteurs en dollars et en franc suisse reviennent sur le marché immobilier de luxe en France, et jettent notamment leur dévolu sur la Provence.

Les acheteurs en dollars et en franc suisse reviennent sur le marché immobilier de luxe en France, et jettent notamment leur dévolu sur la Provence. - Henrik Berger Jørgensen - Flickr - CC

Le marché des résidences secondaires, moroses ces dernières années, reprend des couleurs grâce aux acheteurs étrangers, tout particulièrement les citoyens helvétiques.

Un beau mas en Provence, un superbe immeuble parisien, ou une maison de bord de mer sur la côte d'Azur... Le marché des résidences secondaires, gelé depuis 2012, après l'élection de François Hollande et les réformes de la fiscalité sur ce type de bien, se reprend ces derniers mois. Tout particulièrement pour les propriétés de luxe. Le profil de l'acheteur évolue également, du fait de plusieurs phénomènes, monétaires et politiques, combinés. Décryptage avec Alexander Kraft, président France de l'agence immobilière de luxe Sotheby's Realty.

Qui achète des biens sur le marché français?

Dans l'immobilier haut-de-gamme, on remarque un fort retour des Américains, mais également des ressortissants du Moyen-Orient et de l'Asie, parce qu'ils ont également des fonds en dollars. Surtout, les Suisses reviennent en force. Un phénomène massif, lié à la fois à l'envolée du franc suisse, qui augmente leur pouvoir d'achat, et au fait que les banques helvétiques pratiquent des taux négatifs sur les dépôts. Donc plutôt que de payer pour laisser leur argent dormir sur leurs comptes en banque, ils viennent investir dans la pierre. Ces acheteurs disposent d'un budget important, qui va de 1,5 à 5 millions. Ils se concentrent toujours sur les marchés les plus prestigieux, Paris et la Côte d'Azur. De manière encore assez marginale, ils recherchent également des biens dans l'arrière-pays azuréen, en Provence.

Pourquoi le vent a-t-il tourné ainsi?

On remarque que les contrats se sont envolés depuis la fin de l'année dernière, quand a commencé l'amélioration du taux de change euro/dollars. Les Américains ont été les premiers à revenir. Ils sont d'ordinaire très réactifs dans ce type de situation. Le contexte est extrêmement favorable. Depuis les élections de 2012, beaucoup de stocks se sont accumulés, notamment en raison du durcissement de la fiscalité des résidences secondaires. Les vendeurs ont longtemps refusé de baisser leurs prix, mais au bout d'un an, ils s'y résignent. Concernant les biens de luxe, les prix ont baissé de 20 à 25% depuis l'année dernière. Si vous ajoutez à cela une baisse de 20% liée cette fois au taux de change, les économies pour les acheteurs en dollars vont jusqu'à 40%. Donc les transactions ont repris dès novembre 2014. Un phénomène qui prend de l'ampleur depuis le début de l'année. Aujourd'hui, nous avons 150 millions d'euros de propriétés sous contrat, c'est-à-dire dont le compromis de vente a été signé. Un montant en hausse de 70% par rapport à la même période en 2014.

Ces acheteurs font-ils un bon placement ou cherche-t-il surtout une résidence où passer leurs vacances?

C'est une combinaison des deux. L'aspect principal, c'est qu'ils recherchent un investissement sur le long terme. Pas question pour eux de revendre leur bien dans un an ou deux. Partout dans le monde, on paie de plus en plus cher pour laisser son argent en banque, donc ceux qui en ont considèrent qu'il vaut mieux le placer dans la pierre. Mais ce n'est jamais seulement un placement. C'est d'abord une maison de famille. Toutefois, quand bien même cette tendance n'est pas énorme, un peu plus de clients aménagent leur bien pour le louer. Mais cela reste une minorité. 

Nina Godart
https://twitter.com/ninagodart Nina Godart Journaliste BFM Éco