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Livret A: la formule change mais le taux reste à 0,75% (pour l'instant)

La formule de calcul du taux du Livret A change.

La formule de calcul du taux du Livret A change. - Denis Charlet - AFP

Bercy a décidé de modifier la formule de calcul du taux de ce placement "dans un objectif de stabilité". Mais Michel Sapin, ministre de l'Économie et des Finances, a tenu à rassurer, momentanément, les épargnants: le taux restera à 0,75% au 1er février prochain.

Le gouvernement cherche à faire passer la pilule. Michel Sapin, ministre de de l'Économie et des Finances, affirme dans un communiqué: "Le taux du Livret A ne baissera pas et sera maintenu au 1er février 2017 à 0,75%". Une semi-bonne nouvelle pour les épargnants car si le taux de ce placement ne baisse pas au 1er février, il y a fort à parier que ce sera le cas au 1er août.

La raison de ce mauvais augure? La modification de la formule de calcul du placement préféré des Français. À l'heure actuelle, ce taux est revu deux fois par an (le 1er février et le 1er août) et est calculé en prenant soit l'inflation hors tabac à laquelle on ajoute 0,25%, soit la moyenne des taux de marché (Eonia et Euribor) plus le taux d'inflation. L'option la plus favorable est retenue.

Prenant en compte les recommandations du Comité consultatif du secteur financier, Bercy a décidé d'introduire deux modifications. Tout d'abord, les indices actuellement utilisés dans la formule pour les taux monétaires et l’inflation seront lissés sur 6 mois, afin de prévenir toute variation brutale, à la hausse ou à la baisse, du taux du livret A. Ensuite, la majoration par rapport à l’inflation sera suspendue lorsque celle-ci est sensiblement supérieure aux taux de marché, afin d’éviter une divergence excessive entre les taux de marché et la rémunération de l’épargne.

Concilier trois objectifs

Pour Michel Sapin, ce changement a pour objectif une plus grande stabilité. "Le gouvernement, par ces modifications, vise à concilier trois objectifs: maintenir une rémunération attractive pour les épargnants, préserver la qualité du financement du logement social, rendre plus prévisible et lisser l’évolution du taux du livret A". Car le taux du Livret A est à double tranchant. S'il est élevé, il fait le bonheur des épargnants mais plombe les acteurs du logement social. En effet, le taux du Livret A sert aussi de pivot aux taux des prêts accordés aux organismes en charge du logement social. Le 21 juillet dernier, l'Union sociale pour l'habitat (USH) avait ainsi regretté que le taux du Livret A ne soit pas abaissé de 0,75% à 0,50%, comme l'aurait voulu la formule de calcul (le gouverneur de la Banque de France a en effet le droit d'y déroger dans certaines circonstances). 

L'autre raison est que le Livret A a un certain coût pour les finances publiques. D'une part la Caisse des Dépôts doit verser une commission aux banques, qui lui apportent une grande partie de la collecte du Livret A (mais aussi du LDD et du LEP), à hauteur de 0,30% des fonds. D'autre part, le Livret A représente un coût pour l'État en termes de recettes fiscales non perçues. Les intérêts sur le Livret A sont, en effet, défiscalisés. Or plus le taux du Livret A est élevé, plus les épargnants sont incités à se tourner vers ce livret plutôt que sur des placements fiscalisés, qui rapportent donc des impôts à l'État.

"Ce n'est pas une grande réforme, c'est une adaptation limitée qui est une question de bon sens", a déclaré le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau sur la chaîne de télévision franceinfo. "0,25% de taux supplémentaire pour financer le logement social ça veut dire 4.000 euros de plus par an par logement social construit pendant 30 ans. Vous voyez que si on alourdit le coût du logement social on joue contre la solidarité".

D. L. et J. M.