BFM Immo
Construction

Projet de tours à Bercy-Charenton : Hidalgo a senti le vent du boulet

Le projet d'aménagement de la ZAC Bercy-Charenton (XIIe) s'étale sur 80 hectares

Le projet d'aménagement de la ZAC Bercy-Charenton (XIIe) s'étale sur 80 hectares - Mairie de Paris

L'opposition et les élus écologistes dénonçaient une bétonisation de la capitale. Mais le Conseil de Paris a voté de justesse en faveur de ce projet, qui comprend notamment un gratte-ciel de 180 mètres de haut.

La maire de la capitale Anne Hidalgo a finalement réussi son pari. Le projet controversé d'aménagement, avec six tours dont un gratte-ciel, de la ZAC Bercy-Charenton (XIIe), l'une des dernières grandes emprises foncières de la capitale, a été approuvé lundi à seulement cinq voix près par le Conseil de Paris (81 voix pour et 76 contre).

Ce "projet d'aménagement ambitieux" qui crée un nouveau "morceau de ville" dans le sud-est de la capitale, selon la maire PS de Paris, a été approuvé lors d'un vote très serré à bulletins secrets, à l'issue d'un débat qui a nettement divisé le conseil, mais aussi la majorité parisienne en raison de l'opposition des écologistes. Sur Twitter, Mme Hidalgo s'est félicitée du vote, "nouvelle preuve de notre capacité à innover pour l'attractivité de Paris et l'amélioration du cadre de vie des Parisiens".

Cette zone d'aménagement concertée s'étale sur 80 hectares, dont 18 aménageables, située entre périphérique et échangeur de l'A4 et traversée par les voies ferrées de la gare de Lyon et de Bercy. Signée par l'agence de l'architecte britannique Richard Rogers (concepteur avec Renzo Piano du Centre Pompidou), elle devrait accueillir en 2030 quelque 9.000 nouveaux habitants avec 57% de logements sociaux, des équipements publics, des bureaux, des commerces, des hôtels et générer 13.000 emplois, un jardin de deux hectares avec, en tête de pont, six tours "écologiques" dont un gratte-ciel de 180 mètres de haut.

"Transformer les portes de Paris"

La maire de Paris a défendu un projet "d'urbanisme délicat qui prend soin des habitants et prend en compte la mixité des fonctions de la ville". Pour Jean-Louis Missika, adjoint à l'urbanisme, ce "très grand projet" s'inscrit dans ceux en cours de Paris Rive Gauche et ses futures tours Duo de Jean Nouvel ou la tour Triangle (XVe arrondissement).

"Nous devons transformer les portes de Paris en places du Grand Paris", a-t-il noté en insistant sur l'aspect métropolitain du projet qui entend désenclaver le quartier et améliorer le passage avec la ville de Charenton-le-Pont (Val-de-Marne) voisine, en "réparant la blessure" du périphérique.

Le long débat qui a précédé le vote a été l'occasion pour l'opposition municipale de droite et du centre, mais aussi pour les alliés écologistes, de dénoncer la "surdensification et la bétonisation" engendrées selon eux par le projet. "Qui oserait prétendre qu'il rêve d'un avenir radieux dans une des six tours, coincé entre les voies ferrées, le périphérique et un noeud autoroutier saturé", a lancé Florence Berthout, présidente du groupe LR.

Pierre-Yves Bournazel, député Agir, a demandé en vain une "votation citoyenne" pour "donner la parole aux Parisiens". Pour l'UDI-MoDem, Eric Azière a pointé "un projet sans vision, sans respiration. Vous vous préparez à construire un quartier enclavé géographiquement et socialement", a-t-il lancé à la maire.

Une "mini-Défense" selon les Insoumis

Les écologistes, traditionnellement opposés aux tours à Paris et qui ont lancé une opération de pétition pour demander un référendum, ont dénoncé une "vision d'un autre temps", selon Yves Contassot, quand David Belliard, président du groupe, estimait que les tours ne "respectaient pas le plan climat de la Ville".

En dénonçant une "mini-Défense", l'élue La France Insoumise Danielle Simonnet a ironisé sur une ZAC qui doit "devenir une ZAD", zone à défendre.

Les macronistes ex-LR ou ex-PS ont voté pour, en proposant quelques aménagements, faisant ainsi la différence, ont-ils souligné. Le groupe communiste a également voté pour, insistant sur la création de logements sociaux.

Tous les élus en revanche ont noté l'absence de transports, l'exécutif en appelant à Valérie Pécresse, patronne des transports franciliens et présidente LR de la région, pour demander une gare du RER D, des bus ou un tramway.

(AFP)

BFM Immo