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Placements: faut-il investir dans le vin par temps de crise?

Si le coronavirus a mis à mal la grand-messe annuelle des primeurs organisée chaque année à Bordeaux, le marché du vin résiste. Au point que certains crus pourraient encore constituer un investissement intéressant cette année.

Voilà des décennies que des milliers de négociants, de courtiers et de dégustateurs avaient pour habitude de se réunir en avril dans la capitale girondine pour négocier les prix de centaines d'appellations. Mais cette année, la campagne des primeurs s'est faite en petit comité. A cause de la pandémie, seules quelques centaines de personnes ont été autorisées les 4 et 5 juin derniers à se réunir pour goûter, évaluer et négocier en amont le prix de près de 400 vins.

Un événement dont Angélique de Lencquesaing, directrice générale déléguée d'iDealwine, tient à relativiser les répercussions. Notamment pour les investisseurs désireux de se constituer une cave.

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Enjeu crucial

Sur BFM Business dans l'émission Intégrale Placement, la patronne du pionnier français de la vente de vin sur Internet estime que, certes, le confinement a "marqué une parenthèse dans l’agenda des primeurs", mais que le "sujet est de nouveau d'actualité".

"Le sujet est crucial pour la filière : la commercialisation des vins en primeur (soit une façon d’acheter les vins avant même qu’ils ne soient mis en bouteille et proposés sur le marché – NDLR) représente plus de la moitié des ventes à l’export", rappelle l'experte. C'est pourquoi "les propriétés rivalisent d’imagination pour faire déguster leur 2019", poursuit-elle. Et tenter ainsi de s'extirper de la crise sans trop boire la tasse.

La théorie du millésime en 9

Au-delà de la crise, le climat n'a pas été particulièrement clément l'an passé. Une météo "en dents de scie" faite d'importantes variations de températures qui a cependant donné lieu à "une bonne maturation des cabernets" et permis à certains vins de "conserver une belle fraîcheur et de l'élégance", poursuit Angélique de Lencquesaing.

"2019 est un millésime… en 9. Et les amateurs savent que 9 a parfois donné naissance à de grandes années. Certains vins rappellent les grandes réussites de 2009. En 9, vous avez aussi 1989… De là à professer que 2019 sera mythique, je ne suis pas en mesure de vous le dire. Ce qui est certain, c’est qu’il est manifestement réussi dans de nombreuses propriétés, notamment celles qui ont privilégié des extractions douces, une vinification délicate", poursuit la patronne d'iDealwine.

L'experte le reconnaît également. Si le contexte de commercialisation a largement été plombé par la crise et le confinement au niveau mondial, les répercussions du coronavirus s'observent également du côté des restaurants qui commencent tout juste à rouvrir leurs portes.

Trouver le juste prix

Malgré cela, "les niveaux de rendements (pour les investisseurs – NDLR) sont bons", assure l'experte. "Il y a du vin à vendre ! Certaines propriétés ont besoin de retrouver un peu de souffle après deux années de récolte amputées par le gel (2017) ou les maladies (2018)".

Compte tenu de la situation, certaines appellations ont décidé de réviser leurs prix à la baisse, parfois de manière drastique. C'est le cas par exemple du "Château Pontet Caneté", poursuit Angélique de Lencquesaing, qui "a envoyé un signal fort en baissant son prix de sortie en primeur de 31%.".

"S’agissant des tarifs, les propriétés n’ont besoin de personne pour savoir combien il se révélera plus que jamais crucial de fixer leur prix de sortie en prenant en considération la situation de leurs différents marchés", assure l'experte. Il conviendra, néanmoins, "d’inscrire cette décision dans une démarche cohérente avec les prix pratiqués les années précédentes, au regard de la qualité des vins restant encore à écouler dans les précédents millésimes", précise-t-elle.

Reste à savoir si le fait d'investir dans le vin, demeure une bonne option. A cela, Angélique de Lencquesaing répond que l'année 2019 "pourrait se révéler une excellente opportunité". A condition toutefois de conserver à l'esprit "plusieurs considérations". A commencer par "le prix (…) mais aussi la rareté (relative) des vins, et leur capacité de garde", conclut-elle.

Julie Cohen-Heurton avec Guillaume Sommerer