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Pourquoi la suppression de l'APL accession devrait coûter cher à l'État

La suppression de l'APL accession est un coup dur pour les primo-accédants.

La suppression de l'APL accession est un coup dur pour les primo-accédants. - Sephelonor - Pixabay

L'État a décidé de supprimer ces aides. Une décision qui non seulement ne devrait pas générer des économies mais pourrait même lui coûter cher sur le plan financier.

La suppression de l'APL accession est une mesure inscrite dans le projet de budget pour 2018. Il s'agit d'une aide versée aux primo-accédants les plus modestes. Cette aide versée par l'État directement aux banques peut représenter jusqu'à 25% des mensualités de crédit des emprunteurs qui en bénéficient.

Elle est d'autant plus efficace qu'elle sécurise la banque sur toute la durée du crédit souscrit par l'emprunteur. En effet, elle s'adapte tous les ans à la situation du bénéficiaire. Il peut y avoir des baisses de revenus liés au chômage, par exemple ou des charges supplémentaires. L'APL accession est une forme de garantie de l'État auprès de la banque prêteuse. Elle profite chaque année à plusieurs dizaines de milliers de ménages. Entre 35 et 50.000 précisément, selon le Crédit Foncier, soit près de 10% des primo-accédants. Des profils qui, toujours selon le Crédit Foncier, ne pourraient pas accéder à la propriété sans ce dispositif.

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Pas forcément d'économies à la clé

On pourrait imaginer que grâce à cette décision du gouvernement, l'État va va pouvoir faire des économies. Or c'est loin d'être garanti. D'où l'incompréhension d'un certain nombre d'observateurs. En effet, les ménages qui pouvaient bénéficier de l'APL accession sont aussi ceux qui peuvent prétendre aux APL réservées aux locataires.

Or les APL locatives coûtent beaucoup plus cher à l'État, 260 euros en moyenne par mois et par ménage, pour les locataires contre 155 euros par mois pour l'APL accession. Elles coûtent donc près de 70% plus cher que les allocations versées pour l'acquisition d'un logement qui ne représente d'ailleurs que 5% du coût total des APL dans le budget de l'État.

Avec la suppression de l'APL accession, le risque est donc pour le gouvernement de compter davantage de bénéficiaires d'APL locatives. Non seulement cette mesure ne générera pas aucune économie, mais elle pourrait même accroitre le coût total des APL.

Marie Coeurderoy