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Pourquoi les banques sont contraintes de baisser à nouveau les taux des crédits immobiliers

Les taux ont encore baissé en mai. Face à une baisse de la demande des ménages, les banques jouent des coudes pour attirer les emprunteurs.

Mois après mois, les taux d'intérêt continuent de reculer sur les crédits immobiliers. En mai, ils n'atteignent plus que 1,46% en moyenne, toutes durées confondues, selon les dernières données de l'observatoire Crédit Logement / CSA. "Ils sont revenus à leur niveau de février 2017", constate l'observatoire. Nous ne sommes d'ailleurs plus qu'à quelques encablures de leurs plus bas historiques. Le plancher avait été touché en novembre 2016 à 1,28%.

La tendance est d'autant plus remarquable que, généralement, quand la durée moyenne des emprunts augmente, les taux moyens sont poussés à la hausse. Un crédit sur 30 ans revient en effet toujours plus cher pour l'emprunteur qu'un crédit à 20 ans. Et pourtant. Depuis début 2017, la durée moyenne des prêts a bondi de 11 mois pour atteindre 224 mois.

Comment expliquer cette baisse continue, alors que certains acteurs professent un rebond des taux depuis plus d'un an déjà ? Les banques n'ont en réalité pas beaucoup le choix. En premier lieu, de moins en moins de ménages parviennent à suivre le boom des prix immobiliers, qui avaient déjà progressé de 4% dans l'ancien en 2017 selon les notaires.

Une concurrence féroce

Pour limiter la casse, les établissements financiers peuvent allonger la durée des crédits ou baisser les taux. En réalité, ils font les deux. Car la demande ne suit plus. De mars à mai, le nombre de crédits accordés a fondu comme neige au soleil : -13,9% par rapport à la même période l'an dernier. Et le montant global emprunté est aussi en recul (-5,9% sur un an). Certes, le marché part de très haut après une année 2017 exceptionnelle. "Mais les banques sont loin de leurs objectifs commerciaux du premier trimestre, de l'ordre de -20%", estime Maël Bernier, directrice de la communication du courtier Meilleurtaux.

Or, il leur reste peu de temps. Les dossiers pour des achats signés en juin ne seront en réalité débouclés qu'en septembre, le temps que la vente se finalise devant le notaire. Dit autrement, il reste à peine quatre mois aux banques pour se rattraper et atteindre leurs objectifs 2018.

Autre élément à prendre en compte : la concurrence est de plus en plus féroce sur ce qui reste un produit d'appel. "Les banques en ligne proposent des offres très agressives, alors qu'elles n'étaient pas sur ce marché il y a encore quelques années", confirme Maël Bernier.

Enfin, les banques ne peuvent pas justifier une hausse des taux d'intérêt des crédits en invoquant une remontée des taux obligataires de la France. Au contraire, l'OAT à 10 ans, qui fait office de référence et influence l'ensemble des taux d'intérêt, est scotché à 0,7%, l'un de ses plus bas niveaux depuis un an. Les banques peuvent donc encore jouer sur leurs marges. Pour un emprunteur, il y a une belle fenêtre de tir dans les mois à venir pour négocier avec son banquier.

Jean-Louis Dell'Oro