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Quand la fiscalité dope les divorces et les remariages en Chine

Plus de 17.000 couples divorcés se sont remariés à l'identique à Shanghai l'an dernier.

Plus de 17.000 couples divorcés se sont remariés à l'identique à Shanghai l'an dernier. - Mark Ralston -

Pour mettre fin à la spéculation immobilière, Pekin a mis en place une taxe de 20% sur les plus-values à la vente de propriétés. Mais les Chinois ont rapidement trouvé une faille.

Le nombre de remariages réunissant des époux ayant divorcé a explosé l'an dernier en Chine. Pourquoi autant d'anciens conjoints ont-ils vu la flamme de l'amour se raviver? Pour des raisons fiscales, selon les autorités chinoises. Car ces couples se sont séparés pour échapper à un impôt sur les ventes immobilières, avant de convoler à nouveau en justes noces

Soucieux de contenir la spéculation immobilière, Pékin avait adopté début 2013 une nouvelle législation prévoyant une taxe de 20% sur les plus-values à la vente de propriétés.

Mais une lacune dans la loi permettait dans certaines conditions aux couples possédant deux biens immobiliers de divorcer, de se partager les deux propriétés et d'en revendre au moins une sans impôt, pour une économie pouvant atteindre des dizaines de milliers d'euros. Après quoi, libre aux deux divorcés de s'épouser à nouveau.

Le nombre de remariages a doublé à Shanghai

Le nouveau texte de loi a "provoqué une avalanche de divorces dans nombre de métropoles chinoises", rappelait vendredi le quotidien China Daily. Suivie par un bond tout aussi spectaculaire des "remariages".

Au total, quelque 17.286 couples divorcés se sont ainsi remariés à l'identique à Shanghai l'an dernier -contre 8.068 en 2012, année précédent la réforme fiscale- selon des chiffres officiels.

Des phénomènes d'ampleur similaire ont notamment été observés à Nankin, capitale de la province du Jiangsu: près de 25.000 couples divorcés s'y sont à nouveau unis l'an dernier, soit près de 30% du total des mariages enregistrés, avait rapporté un journal local en janvier.

"L'extraordinaire bond du taux de remariages illustre bien l'ampleur des divorces de complaisance", observe Ming Li, directeur adjoint du Centre national des Mariages et de Conseil familial, cité par le China Daily.

Certains couples avaient même invité enfants et parents pour assister à la signature des papiers du divorce "comme si toute la famille célébrait un joyeux évènement", ironise-t-elle.

En revanche, le nombre de nouveaux divorces a entretemps chuté: il est vrai que, depuis l'adoption de la loi, le marché immobilier s'est fortement refroidi, les prix des appartements se repliant même dans nombre de villes sur fond de surabondance de l'offre.

C.C avec AFP