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Que risque un candidat à mentir sur son dossier de location?

Les candidats qui falsifient leur dossier risquent la prison.

Les candidats qui falsifient leur dossier risquent la prison. - Mychèle Daniau - AFP

Face à la difficulté de trouver un logement dans certaines zones tendues et aux exigences grandissantes des propriétaires et des agences immobilières, de nombreux locataires falsifient leur dossier. Si cela peut s'avérer payant, cette pratique peut coûter très cher au locataire.

S'il est difficile de le chiffrer, on peut aisément penser que le nombre de dossiers de location falsifiés est important. En effet, les raisons à cet acte malhonnête sont évidentes. Dans les zones tendues, comme Paris, les propriétaires ont l'embarras du choix. Ils ne regarderont donc que les meilleurs dossiers à leurs yeux. D'autres propriétaires craignent de tomber sur un locataire qui ne pourra plus payer le loyer et qu'ils n'arriveront pas à expulser, la procédure étant longue et fastidieuse. Ils demandent donc aux candidats et à leurs cautions des garanties contraignantes et des ressources financières importantes (voir encadré).

Les locataires ont donc pris l'habitude de falsifier certains documents. Grâce à Photoshop, un CDD devient un CDI ou un salaire un peu léger se voit augmenté. Une pratique bien souvent payante mais qui, sur le papier, peut s'avérer très risquée. Car le locataire, outre de voir son bail résilié, encourt de la prison. Une peine marquée à vie sur son casier judiciaire.

De la prison

En effet, le Code pénal rappelle dans son article 441-1 que les peines pour faux et usages de faux sont "portées à trois ans d'emprisonnement et à 45.000 euros d'amende lorsque l'infraction est commise en vue de portée préjudice au Trésor public ou au patrimoine d'autrui". Laurent Lamielle, juriste chez PAP.fr, précise que dans certains cas, le locataire peut être accusé d'escroquerie et encourir 5 ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende.

Le juriste ajoute qu'avoir des problèmes avec son propriétaire n'est pas le seul risque encouru. "Si son employeur apprend que le locataire a falsifié son contrat de travail ou ses fiches de paie, ou si l'administration fiscale se rend compte que les feuilles d'imposition ont été transformées, là également ils peuvent porter plainte".

Dans les faits, beaucoup de professionnels s'accordent à dire que la sanction est extrêmement rare. En effet, si le propriétaire ou l'agence immobilière s'en rend compte avant d'avoir accepté le dossier, dans l'immense majorité des cas, ils ne donnent tout simplement pas suite.

Des techniques de vérifications

Une sanction rare, certes, mais pas inexistante, surtout lorsque le dossier a été accepté. Il peut être difficile pour le propriétaire d'avoir la preuve de la falsification. Il peut appeler l'employeur qui n'a aucune obligation de répondre. La banque est, elle, soumise au secret. Néanmoins, comme nous le révèle Laurent Lamielle, il existe des techniques simples pour procéder à des vérifications: "Il faut toujours demander tous les documents légaux et insister pour les obtenir. Il est également recommandé de se faire soumettre les originaux (et les rendre évidemment). Par ailleurs, il faut vérifier les cohérences entre le contrat de travail et les fiches de paie, ainsi qu'entre le salaire et l'avis d'imposition ou encore vérifier les jours de congés".

Le juriste chez PAP.fr donne une autre astuce bien utile: "Pensez à vérifier l'authenticité des avis d'imposition. Pour cela, il suffit d'aller sur SECAVIS et comparer que les données soient les mêmes que sur l'avis d'imposition présenté par le locataire". Pour Laurent Lamielle, un propriétaire a tout intérêt à passer par l'assurance loyer impayé. Elle propose, parfois de manière payante, de vérifier ces documents à la place du propriétaire. En cas de problème, le propriétaire sera tranquille.

Ces documents que le propriétaire ne peut pas demander aux locataires

Le site Service-public.fr répertorie la liste des documents qui ne peuvent pas être demandés au locataire ni à la personne qui s'est portée caution. Cela porte aussi bien sur certains documents bancaires comme le relevé ou la bonne tenue du compte bancaire, ou encore l'autorisation de prélèvement automatique. Il est également interdit de demander certains documents relatifs à la vie privée tels qu'une photo d'identité, l'extrait du casier judiciaire, le contrat de mariage ou le jugement de divorce, la carte d'assuré social ou encore le dossier médical.

Concernant la situation financière, ne peuvent pas être demandés des informations sur les crédits en cours ou encore l'attestation du précédent propriétaire que le locataire paye bien ses loyers. Et enfin, il est interdit de demander le versement d'un chèque de réservation ou encore la remise sur un compte bloqué de biens, d'effets, de valeurs ou d'une somme d'argent correspondant à plus d'un mois de loyer.

https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze Journaliste BFM Éco