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Un courtier en ligne ose le trading à... 0 euro

Les traders particuliers vont ainsi pouvoir trader sans frais

Les traders particuliers vont ainsi pouvoir trader sans frais - Julien Marion

Arrivé l'an passé en France, le néerlandais Degiro veut "révolutionner le marché" avec une plateforme de courtage baptisée Deziro qui permettra aux boursicoteurs d'acheter ou vendre des actions sans frais. Comment est-ce possible? Explications.

C'est une véritable onde de choc qu'entend créer Degiro. Ce courtier basé au Pays-Bas, qui a lancé sa plateforme en ligne en France en juin 2014, est déjà connu pour ses tarifs agressifs, environ 80% moins chers que la concurrence en Europe.

"C'est vraiment le Free du trading en ligne. Ils misent tout sur des faibles tarifs avec peu de conseils", résume Pierre George, le président de l'ATPF (Association des traders particuliers francophones) qui dit s'appuyer sur les avis d'une quinzaine de membres de son association.

Mais Degiro a encore plus d'ambition. Ce mardi 1er septembre, le courtier a ainsi annoncé le prochain lancement d'une petite sœur appelée Deziro dont les arguments sont musclés et tiennent en deux mots: 0 frais! "Nous sommes déterminés à enclencher la révolution du trading en ligne", assure ainsi le porte-parole France et Belgique de Degiro, Julien Vallet. Rien de moins.

Tout le CAC 40 disponible

Cette "révolution" n'a toutefois pas encore de date définitivement programmée. Vingt pays vont être concernés d'ici à 12 mois (premier semestre 2016 pour la France normalement). Et il y a effectivement du Xavier Niel dans la communication de Degiro. "On a décidé de faire preuve de transparence. Il n'y a plus aucune raison pour que les clients continuent de payer des frais de courtage dont les tarifs sont ridiculement élevés", assure Julien Vallet.

Cette gratuité reste toutefois limitée au marché actions, Deziro proposera ainsi plusieurs centaines de titres de toutes les places boursières du monde entier, dont surtout les grosses capitalisations. Tout le CAC40 sera ainsi disponible.

D'autres produits que des actions suivront dans un second temps. Parmi eux des ETF (produits qui répliquent la performance d'un indice), des produits dérivés ou la possibilité d'investir sur des "small caps". Ces produits seront, eux, soumis à une tarification qui devrait être proche de celle proposée par Degiro. 

Publicité et coûts maîtrisés

Comment, toutefois, arriver à la gratuité sur le marché actions? "Le modèle repose entièrement sur des revenus publicitaires à l'image de ce que fait Booking.com", explique Julien Vallet. "Les publicitaires vont placer différents types de supports sur notre plateforme de trading. La plupart d'entre eux seront des établissements bancaires ou des émetteurs de produits financiers. Les recettes tirées de ces publicités nous permettront ensuite de proposer à nos clients de trader entièrement gratuitement". 

Le but est ambitieux. Car Deziro devra lui à payer des frais de transaction aux opérateurs boursiers. "Nous avons fait des études préalables et nous nous sommes aperçus que le trading pouvait être rendu gratuit", assure néanmoins son porte-parole. "Il y a une forte demande de la part des publicitaires pour communiquer sur nos supports. En conséquence, il devrait a priori n'y avoir aucun problème pour rendre ce modèle rentable", ajoute-t-il. Sans toutefois préciser à quelle date la plateforme pourrait être rentable. Deziro ne fait d'ailleurs pas encore de projections sur le nombre d'investisseurs qu'elle compte séduire.

Séduire les jeunes boursicoteurs

Le modèle économique passe également par les coûts. Pour économiser au maximum, Deziro a en effet décidé de ne pas proposer plusieurs services payants, comme des analyses ou des consensus sur des valeurs. "La raison est simple: nous redirigeons nos clients sur d'autres sites qui vont proposer des analyses gratuites", répond Julien Vallet.

De même Deziro a réduit la publicité, misant surtout sur le bouche à oreille. "Il n'y a a priori aucune nécessité de faire du marketing tout le monde sait ce que c'est qu'un service gratuit", fait valoir le porte-parole du groupe.

Quant au public ciblé, selon Julien Vallet, Deziro s'adresse "pas forcément à des investisseurs expérimentés mais actifs". Mais grâce à la gratuité, la plateforme pense aussi séduire "des jeunes investisseurs pas très actifs mais qui sous prétexte de l'absence de frais de courtage vont décider d'investir un peu plus. Nous pensons ainsi attirer une nouvelle typologie d'investisseurs".

En revanche, le groupe ne compte pas se servir de Deziro comme d'un produit d'appel pour Degiro. "L'idée c'est un peu de créer un Air France et un easyJet!", explique Julien Vallet. Les deux plateformes sont ainsi deux produits biens distincts l'un de l'autre, Degiro montant en gamme. Même s'il n'est pas exclu que des traders qui s'aguerrissent sur Deziro veulent ensuite trader sur d'autres produits et utilisent ainsi également Degiro.

Et si la concurrence s'alignait? 

Avec la paire Deziro-Degiro, le groupe espère non seulement prendre des parts de marchés à ses rivaux mais également attirer une nouvelle clientèle. Quant à une éventuelle réponse de la concurrence, Deziro ne semble pas inquiet. "Dans les faits les grosses structures de courtage n'ont en aucun cas les possibilités de s'adapter ou de baisser leurs frais. La raison est simple: leur structure informatique ont 10 ou 15 ans, ce qui les rend obsolète", assure Julien Vallet.

En revanche Deziro garde un œil sur des nouveaux entrants dans le marché qui pourraient très bien suivre leur exemple "et nous faire de l'ombre dans les prochaines années", concède le porte-parole. "Mais il leur faudra une structure solide avec des connections à toutes les places boursières, ce qui prend du temps", prévient-il.

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