Booba: "en France, il faut donner la parole et les rênes à la jeunesse"

Le rappeur businessman était interviewé ce 9 décembre sur BFM Business à l'occasion de l'opération "les talents du trading". Booba qui parle de finance, c'est étonnant, mais ce n'est pas totalement incongru.

Un rendez-vous un peu spécial sur BFM Business, ce 9 décembre. Dans le cadre de l'opération "les talents du trading", le concours organisé par Intégrale Bourse, Booba est intervenu à l'antenne. Non pas la BuBa, la Bundesbank, mais bien le rappeur. 

Vous vous dites que ce n'est pas vraiment le profil type du consultant de BFM Business. Se serait-il mis à la finance? Certes non. Simplement l'un des participants du concours, Alex Bavasso, qui figure parmi les favoris de la compétition avec ses 100% de gains contre 0% de perte, le cite comme référence en toutes occasions. Il tweete des punchlines des chansons du rappeur comme un mantra qui l'aide dans son trading, affirme-t-il.

Intégrale Bourse lui offre donc ce petit clin d'œil: Interview finance de Booba, qui répondait à Laure Closier depuis sa résidence de Miami.

Les traders, Wall street, la finance, qu'est-ce que cela vous inspire?

Je pense à de la magouille, et à beaucoup d'argent. Les traders qui jouent avec les monnaies, les taux, le cours de l'argent. Ils font ce qu'ils veulent, ils manipulent le virtuel. Ceux qui sont au top, ils manipulent les cours comme ils le souhaitent, ils font baisser la valeur d'une monnaie, le remontent. Ce n'est pas mon truc, mais cela a l'air très intéressant.

Imaginons qu'un de vos enfants vous dise qu'il veut être trader, qu'est-ce que vous lui dites? 

Je l’y encourage. Je pense que c'est un beau métier. Ce sont des professions dans lesquelles il n'y a pas de limite. C'est ce qui est intéressant. Ce n'est pas comme d'ouvrir un restaurant, on fait vingt tables, on sait qu'on ne pourra pas en faire plus. Alors que dans la finance c'est illimité, on ne sait pas jusqu'où on peut aller. C'est cela qui est motivant je trouve.  

Alex était le premier pendant presque toute la compétition, il surpassait tous les autres, avant de se faire un petit peu rattraper. Maintenant, il est quatrième. Que pouvez-vous lui dire pour qu'il se remotive?  

Il a écouté trop de Booba ou quoi? Je l'encourage, et je pense que s'il a été premier aussi longtemps, il subit une petite perte de vitesse, mais s'il se ressaisit, il va gagner la compétition. Je suis sûr qu'il va finir numéro un, et si c'est le cas, il faut qu'il lâche une grosse punchline de Booba. Il pourrait par exemple reprendre celle qui dit "si tu veux t'asseoir sur le trône, faudra t'asseoir sur mes genoux".

Vous avez bâti votre carrière tout seul dans un monde pas facile, celui du rap. Alex, qui est étudiant contrairement à beaucoup d'autres candidats déjà traders professionnels, suit son chemin aussi tout seul dans le monde des marchés financiers. Qu'est-ce que vous pouvez lui dire? 

Il représente le futur. Ce qui manque un peu en France, c'est que l'on ne donne pas la parole ni les rênes à la jeunesse. C'est très conservateur, les entreprises aiment bien garder toujours les mêmes personnes aux mêmes postes. Je reviens en France régulièrement, et quand j'allume le poste et que je vois Jean-Pierre Foucault, j'hallucine régulièrement. Il n'y a pas un petit jeune qui veut prendre sa place? Si Guy Lux était encore en vie, il ferait encore Intervilles. C'est la mentalité française, et il faut que cela change sinon on ne donne pas d'opportunités aux jeunes, ils s'ennuient. C'est la pire des choses.

Vous allez lancer OKLM (prononcez "ocalm"), qu’est-ce que c’est?

C'est un site d'actualité musicale, avec toutes les nouveautés du rap US, du rap français, toutes les petites vidéos chocs ou virales que tout le monde se partage sur Facebook et autres. Ce qui est intéressant, c'est qu'on présente des talents inconnus, on casse le mode d'emploi qui consiste être signé en maison de disque, à avoir un manager, etc. Chez nous, ils ont juste à envoyer leur vidéo, si on aime ce que fait l'artiste, on casse les barrières, on leur offre un tremplin. Et c'est tous les talents, pas seulement dans la musique. Cela peut être un trader, un jardinier, un cuisinier, un danseur, un boxeur n'importe quoi. Il y a un pizzaiolo qui nous a envoyé une vidéo de lui qui fait des tours avec la pâte. Le talent n'a pas de limite, n'a pas de frontières, n'a pas de couleur. Il est dans tout.