Les fonctionnaires domineront-ils à jamais la vie politique française?
L’Assemblée vote définitivement ce mardi une loi précisant les droits et les obligations des 5 millions de fonctionnaires. Mais elle ne s’attaque pas à la possibilité pour les fonctionnaires de se présenter à une élection sans démissionner de leur fonction.
C’est une particularité très française: la sur-représentativité des fonctionnaires dans la vie politique. C’est vrai actuellement à la tête de l’Etat puisque François Hollande est un ancien conseiller à la Cour des comptes même si son prédécesseur Nicolas Sarkozy était, lui, avocat.
Mais c’est encore plus vrai à l’Assemblée. Sur 577 députés, plus de 180 sont issus de la fonction publique ou du secteur public. On trouve ainsi 56 enseignants, 14 profs d’université, 60 fonctionnaires et 34 hauts fonctionnaires ou membres de grands corps. En face, si l’on peut dire, on ne recense que 35 cadres du privé, 28 professions libérales ou encore 16 chefs d’entreprise.
A vrai dire, cette surreprésentation des fonctionnaires n’est pas l’apanage de la gauche. Car dans l’assemblée précédente dominée par la droite et le centre, ils étaient tout juste 10 de moins. la cause de cette sur-représentativité est connue. Le fait qu'ils puissent retrouver automatiquement leur poste en cas d’échec à une élection encourage davantage les fonctionnaires à se présenter que les salariés du privé qui, eux, n’ont pas de filet de sécurité.
Bruno Le Maire monte au créneau
Pourtant, certains prétendants à l’Elysée voudraient en finir avec cette possibilité de faire des allers-retours entre fonction publique et vie politique. C’est le cas de Bruno Le Maire. Le candidat à la primaire des Républicains qui a le vent en poupe l’a rappelé dimanche soir à BFMPolitique.
Cet énarque va proposer dans son programme que les hauts fonctionnaires, et seulement les hauts fonctionnaires, qui souhaitent faire de la politique démissionnent carrément. Il a d’ailleurs mis sa proposition à exécution puisqu’il a récemment démissionné de la fonction publique qu’il avait rejoint après sa sortie de l’ENA. Il n’est pas le seul puisqu’une autre candidate à la primaire, Nathalie Kosciusco-Morizet, a fait de même l’an dernier.
Rien dans la loi
Le problème, c’est que les décisions individuelles de ce genre ne suffisent pas. Il faudrait une règle législative obligeant les fonctionnaires à démissionner s’ils veulent faire de la politique. Ou à tout le moins leur interdire de reprendre immédiatement leur poste dans la fonction publique après la fin d’un mandat politique.
La loi sur les obligations des fonctionnaires qui va être définitivement adoptée cet après-midi aurait pu être cette occasion. Malheureusement, c’est une occasion manquée car il n’y a rien de tel dans le texte.