Des violons difficiles à accorder...
Il y a quelques jours, nous célébrions les 64 ans de la déclaration Schuman qui crée le CECA, la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Des décennies après, les pays européens se débarrassent du charbon ou du moins tentent et on rêve de recyclage universel des matières premières. Mais peut-on y rêver tous ensemble ?
Quand on parle de transition énergétique, les Français sont décidément très optimistes en terme d'objectifs communs européens. Pour preuve ce récent sondage IFOP réalisé pour WWF. Ils sont 49% à se déclarer "plutôt favorables" et 41% "tout à fait favorables" à un modèle énergétique basé sur les énergies renouvelables et les économies d'énergie.
A la question, "pensez-vous que l'Europe devrait s'orienter davantage vers un modèle de développement qui permette de préserver les ressources naturelles"? 75% disent oui.
Pour 55% des sondés, transition énergétique et préservation de l'environnement doivent être une thématique "importante" des élections européennes. Dans les faits c'est beaucoup moins rose. Il suffit déjà de constater le fossé entre politique et écologie. Il suffit aussi de faire la liste des critiques essuyées par les Verts en France. Pendant deux ans le gouvernement Ayrault a mis l'écologie de côté. Et au final EELV décide de quitter le navire. Le 10 avril le Gorafi écrivait "Les verts n'aborderont par le thème de l'écologie pour éviter les conflits lors de leur conseil fédéral". On ne semble pas très loin de la réalité.
Chine et US en rangs de batailleEncore plus sérieusement, pensez-vous que l'Allemagne, la France et l'Espagne aient la même vision de l'avenir énergétique ? Sur le nucléaire la question est tranchée entre les 2 voisins. Il y en a qui rigolent maintenant de la non-réalisation annoncée de 'l'Airbus de l'énergie", c'était couru d'avance. Rien à en attendre. Le gouvernement espagnol fait marche arrière sur les renouvelables. Trop onéreux. Il y a peu un responsable de Siemens me disait, "au mieux on pourrait faire un Schengen des renouvelables et encore". Difficile de concilier des intérêts si divers. N'oublions pas que chaque État mène sa politique énergétique comme il l’entend dans les limites de la politique de concurrence fixée par Bruxelles.
Pendant ce temps là, les États-Unis et la Chine se mettent en rang de bataille. La Chine est le premier investisseur dans les énergies renouvelables. En 2030, il devrait réaliser la bascule et tourner progressivement la page des fossiles. Aux États-Unis selon le département américain de l’Énergie la part de l’énergie solaire et de l’éolien dans la production d’électricité aux USA grandit alors que les coûts de ces technologies connaissent une baisse continue. Malgré l’intense travail de lobbying de l’industrie du charbon, et le développement d’un « charbon propre », cette source d’énergie est de moins en moins utilisée. La priorité est donnée aux smarts grids et à l'efficacité énergétique. Beaucoup plus simple quand on sait précisément où on va...Du rêve à la réalité...