Nouvelle année record pour le trafic aérien
Nouvelle progression du trafic aérien de passagers, les low-cost toujours plus puissantes
Le trafic aérien de passagers a une nouvelle fois augmenté en 2018, grâce notamment aux bons résultats des compagnies low-cost : un total de 4,3 milliards de passagers ont été transportés en 2018 par les compagnies aériennes à travers le monde, une progression de 6,1% sur un an après une précédente hausse de 7,1%, selon les chiffres préliminaires de l'agence des Nations unies spécialisée dans le transport aérien.
La hausse du prix des carburants depuis deux ans a pesé sur la demande et réduit l'effet incitatif des billets à bas coût, expliquant ce léger trou d'air en 2018, selon l'agence, « pour autant, la croissance du trafic aérien est restée solide en 2018, soutenue par la situation économique mondiale tout au long de l'année ». Comme l'an dernier, les compagnies low-cost ont continué à conquérir des parts de marchés. Avec 1,3 milliard de passagers, elles ont vu leur volume de trafic augmenter plus vite que la moyenne mondiale. Ces compagnies ont capté 36% du trafic des passagers en Europe, où elles réalisent leur meilleure performance, devant l'Amérique latine (35%), l'Amérique du Nord (30%) et l'Asie-Pacifique (29%).
Et pourtant elles ont été pour certaines d’entre elles, prises à revers par l’augmentation des prix des carburants. Particulièrement sur le segment low-cost long courrier, le nouveau segment star du secteur. Le 2 octobre, la compagnie danoise Primera Air, qui avait ouvert une base à Paris au printemps 2017, a annoncé son placement en liquidation judiciaire et a dans la foulée cessé toutes ses opérations. Elle proposait des vols vers l’Amérique du Nord à partir de 149 euros depuis Paris-Charles de Gaulle, où elle volait vers New-York, Boston, Toronto, Montréal ou encore Tel-Aviv. Dans le même temps, la star des compagnies long-courriers à bas-coûts, Norwegian, alertait sur ses fragilités de trésorerie. Avec un nombre de passagers qui dépasse les 10 millions par trimestre, elle provoquerait un choc important si elle devait cesser ses activités. Le contre-choc pétrolier de la fin de l’année, s’il se confirmait, serait une bouffée d’oxygène.
Crise des aéroports
Si la facture de carburant des compagnies aériennes a augmenté d'environ 31% en 2018, elle est restée sous la moyenne observée dans la décennie ayant précédé 2015. Malgré cette nouvelle augmentation des carburants, les compagnies devraient terminer l'année 2018 en dégageant des résultats d'exploitation d'environ 57 milliards$ (49,6 milliards€) et une marge opérationnelle de 7% du chiffre d'affaires.
Des bénéfices indispensables, car les compagnies vont devoir investir lourdement pour faire face à la demande. Et les indices boursiers en sont le témoin, avec certains des champions du secteur. Les raisons de cette augmentation du trafic aérien sont multiples. La principale est la croissance économique et démographique, particulièrement dans les pays en voie de développement. De plus en plus importante, la classe moyenne stimule l'activité des compagnies aériennes. Et comme le monde s’urbanise à grande vitesse, les aéroports ont besoin, pour se développer, de s'installer à proximité de métropoles. Or celles-ci se multiplient et grandissent de plus en plus, fournissant de nouveaux clients potentiels aux compagnies aériennes.
Le patron de Boeing a évalué à 42.700 les besoins en nouveaux avions dans les 20 ans à venir, ce qui devrait représenter 6300 milliards de dollars. Airbus de son côté ne comptabilise pas les avions de moins de 100 sièges et prévoit la livraison de 37.400 nouveaux appareils sur 20 ans. Aujourd'hui l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) prévoit qu'il faudra former 620.000 nouveaux pilotes dans les dix prochaines années. Enfin, Alexandre de Juniac, le directeur général de l'IATA (Association du transport aérien international), déclarait en octobre: « nous allons devoir faire face à une crise des infrastructures qui affectera les voyageurs aériens ». Pour résoudre cette crise, l'ex-président du directoire d'Air France/KLM plaide pour des investissements massifs: « J'appelle les décideurs politiques européens à prendre des mesures urgentes afin d'éviter une crise des infrastructures ».