Les banques grecques voient leur avenir s’assombrir
Quel que soit le scénario final, le système bancaire grec devrait subir les conséquences de la crise politique actuelle. Explications.
Le système bancaire grec, même en cas d'accord entre Athènes et ses créanciers, pourrait faire l'objet de bouleversements, avec à la clé une possible consolidation visant à réduire le nombre d'acteurs.
Avec des dépôts en réserve chaque jour moins importants (sous l'effet des retraits des épargnants), et un accès au guichet classique de la Banque centrale européenne (BCE) qui leur est interdit (ce qui leur permettrait d'emprunter auprès d'elle à un taux très bas), les banques grecques ne survivent actuellement qu'à la faveur de prêts d'urgence accordés par la BCE, dits prêts ELA, accordés à des taux moins avantageux.
L'ELA, bouffée d'oxygène de la BCE
Si l'ELA a remplacé initialement le rôle des marchés pour financer de nouveaux crédits, car les marchés financiers ne prêtent plus aux banques grecques en raison de la situation du pays, l'argent issu de ce mécanisme se substitue désormais aux dépôts, dont les retraits se sont accentués au cours des derniers mois. Or, la liquidité est l'essence sans laquelle une banque devient incapable de fonctionner normalement, ce qui compromet son existence même.
"Une banque peut mourir à petit feu à cause de la qualité de son portefeuille de crédits mais un problème de liquidité entraîne sa disparition instantanément", a expliqué à l'AFP David Benamou, président de la société de gestion Axiom AI.
Les banques grecques disposent encore d'un coussin de sécurité devant leur permettre de servir aux épargnants leurs dépôts. Mais, à terme, le risque est de voir entrer en vigueur un contrôle des capitaux beaucoup plus strict qu'actuellement, voire total, sans possibilité de retrait au guichet.
Si la Grèce reste dans l'euro
Les banques ne seraient pas sorties totalement d'affaire pour autant. Selon plusieurs observateurs, une reconfiguration du panorama bancaire serait souhaitable pour réduire le nombre de grands établissements (actuellement 4) pour avoir des acteurs plus solides.
Il faudrait d'abord regarder les portefeuilles de crédits des banques et identifier les prêts non performants, qui pourraient être cantonnés dans une structure à part, a souligné un analyste du secteur bancaire.
Par rapport à un sauvetage classique de banque, comme celui de la portugaise Banco Espirito Santo en 2014, les établissements grecs ne présentent actuellement pas de problème de solvabilité, c'est-à-dire qu'elles ont encore suffisamment de fonds propres (dépôts, titres de dette, apports des actionnaires...) pour fonctionner normalement.
Mais, si l'Etat grec venait à faire pleinement défaut sur sa dette, les banques grecques, qui ont beaucoup de titres de dette du pays dans leur portefeuille, seraient alors frappées de plein fouet et auraient alors un problème de solvabilité, ce qui les conduirait à être sauvées --on parle alors de mise en résolution-- de façon plus classique avec un découpage de la banque en deux, entre structure viable ("good bank") qui continuerait à fonctionner normalement et structure de défaisance ("bad bank") destinée à disparaître une fois les engagements de mauvaise qualité de l'établissement arrivés à leur terme.
Même en cas d'issue positive des négociations entre la Grèce et ses créanciers, certaines banques --les plus fragiles-- pourraient être amenées à fusionner ou à s'adosser à une autre, ce qui réduirait le nombre d'établissements.
Si la Grèce sort de l'euro
Comme pour l'Etat grec, la sortie de la zone euro ferait entrer les banques du pays dans un terrain inconnu.
Celles-ci seraient alors tout de même tenues de rembourser les prêts ELA et pourraient utiliser les dépôts de leurs épargnants à cette fin, en leur appliquant une décote, selon un autre spécialiste du secteur bancaire.
Elles pourraient in fine se retrouver en état de cessation de paiement et ce serait alors au régulateur national grec d'organiser leur sauvetage (renflouement sous forme d'augmentation de capital, consolidation du secteur, nationalisation...).