Barbara
J’ai été diplômée de Skema Business School en 2009. La crise battait son plein, et j’ai mis 10 mois à trouver mon premier emploi, comme une partie de mes collègues de promotion. L’école nous avait assuré qu’on trouverait rapidement du travail avec un salaire de 33.000 euros par an. Mais la plupart des offres exigeaient une première expérience, que je n’avais évidemment pas. Moins de 5% des CV que j’envoyais débouchaient sur un entretien, ce qui était assez décourageant. Finalement, je n’ai pas vraiment pu faire la fine bouche: j’ai été embauchée à 27.000 euros, et j’ai même refusé des postes à 24.000 euros. Pole Emploi m’a même proposé des postes de vente par téléphone… Je me suis orientée vers le digital, secteur qui se développait rapidement, et reste un peu privilégié dans la morosité générale. Mais les salaires n’y sont pas mirifiques, comme on pourrait le penser de l’extérieur. Et les employeurs exigent aujourd’hui d’avoir déjà de l’expérience dans le domaine, alors que ce n’était pas indispensable il y a une demi-douzaine d’années.
Alexia
J’ai fait le Bachelor Essec, puis j’ai fait un master en finance à l’ESCP. La crise de 2008 a eu lieu durant mes études. C’était donc le pire moment pour découvrir la finance. Mais la crise m’a donné envie de comprendre ce qui dysfonctionnait, et paradoxalement m’a plutôt attiré vers la finance. Même si je me rendais compte que ce serait difficile de trouver du travail dans ce secteur, et que je n’y connaissais personne. Mais je me suis accrochée et j’ai finalement trouvé sans problème, alors que cela a été plus laborieux pour d’autres collègues de ma promotion. J’ai fait un stage en finance de marché, j’ai adoré ça, notamment l’adrénaline que cela procure, et j’ai donc cherché un poste de vendeuse. C’est ce que je fais aujourd’hui, et cela me satisfait pleinement. Certes, ce n’est pas le segment où les salaires sont les plus élevés à l'embauche, mais ce n’est pas le critère le plus important pour moi. Aujourd’hui, la finance de marché est moins à la mode, les jeunes diplômés étant plus attirés par la banque d’affaires, et notamment les fusions & acquisitions.
Gemma
Il y a dix ans, les entreprises venaient nous débaucher avant même le diplôme. Mais aujourd’hui, il faut aller chercher son poste. Reste que mon diplôme des Mines est une sorte de parachute qui nous protège. J’ai eu pas mal de propositions -surtout dans le conseil en systèmes d'information- qui ont débouché sur une dizaine d’entretiens. Ma difficulté n’a pas été de trouver un emploi, mais de trouver un emploi qui me convienne. Je n’ai pas eu envie de prendre directement un poste opérationnel dans l’industrie, par crainte de me retrouver un peu bloquée dans une voie trop étroite. J’ai donc choisi d’aller travailler dans un cabinet de conseil pour travailler sur des problématiques de supply chain. C’est d’ailleurs une tendance générale: depuis deux ans, les diplômés des Mines vont plus travailler dans les services (conseil, finance…) que dans l’industrie. Celle-ci sous-traite de plus en plus de tâches à des cabinets de conseil, et embauche de moins en moins de jeunes diplômés, alors que ce sont eux les moteurs de l’innovation. Plusieurs grands groupes industriels ont même totalement cessé d'embaucher. Il y a des aspects positifs dans le conseil : les missions sont variées et j’apprends des choses tous les jours. Mais à l’embauche, les cabinets de conseil survendent souvent les missions, promettant du conseil métier, mais ensuite proposent beaucoup d’informatique. Cela explique le taux élevé de turnover parmi les jeunes recrues. En tous cas, je n’ai aucune envie d’aller travailler à l’étranger. Je veux participer au redressement du pays, essayer de rendre l’industrie française plus compétitive, en améliorant son modèle de production. J’ai bénéficié d’excellentes études, et je veux rendre à mon pays un peu de ce qu’il m’a donné.
Louis
J’ai été diplômé des Mines mi-2014. Mes parents ne sont pas des CSP+, et donc ce diplôme me permet clairement de progresser dans l’échelle sociale. J’ai toujours adoré fréquenter des milieux très différents. Et travailler dans une usine apporte cette diversité. J’apprécie énormément les relations avec les techniciens. Bien sûr, cette diversité sociale génère aussi des difficultés, mais c’est un défi que j’aime relever. Pour ces raisons-là, j’ai voulu éviter le conseil, où tout le monde a les mêmes codes, et j’ai cherché un travail dans une usine. Ma recherche d’emploi s’est passée très facilement, car j’ai été embauché en CDI à la fin de mon stage. Je n’ai donc pas vécu la crise. Et de toutes façons, je n’étais pas inquiet, car les enquêtes montrent que la quasi-totalité des diplômés des Mines trouvent un travail dans les six mois. Et d’ailleurs, tous les élèves de ma promotion ont trouvé un emploi. Je n'envisage pas d’aller travailler à l’étranger, ce serait une fuite. Je suis très attaché à mon pays, et je suis fier de travailler dans une usine installée en France. Certes, l’économie française ne va pas pour le mieux. Mais c’est justement pour cela que je veux aider l’industrie française, qui offre un tas de défis à relever. L’industrie française gardera son rang si elle reste à la pointe de l’innovation. Elle doit être leader en termes d’innovation, tous secteurs confondus.
Fanny
La crise ne m'a jamais fait peur et finalement ne m'a pas affecté. Ma recherche d'emploi a été plutôt facile et n'a duré qu'un mois et demi, à l'automne 2012. J'ai eu le choix entre plusieurs propositions. J'ai accepté un poste de fiscaliste dans une grande banque. La plupart de mes collègues de promotion ont aussi trouvé, même si cela a parfois été plus long. Cela est bien sûr dû à mon niveau d'études, et notamment à mon double diplôme, apprécié des employeurs: je suis diplômée de l'école de commerce ISC Paris, puis j'ai obtenu un mastère en droit fiscal à Paris XII. J'ai aussi écarté des options moins sûres, comme créer mon entreprise, pour privilégier des options plus solides et pérennes, où il y aurait toujours des débouchés. J'ai enfin utilisé mon réseau, ce qui est important pour trouver du travail. Ce réseau se construit dès les premiers stages, et je l'ai cultivé ensuite.