Shean, élève en Première
J’aimerai rentrer dans la marine nationale, et pour cela je suis une préparation militaire marine. J’ai toujours voulu devenir militaire, notamment par patriotisme. Je veux défendre la France, c’est un beau pays. Les attentats m’ont donné encore plus envie de rentrer dans l’armée. Et l’armée ne demande pas un niveau scolaire très élevé, ce qui tombe bien, car je ne suis pas fait pour les études. Parallèlement, j’essaye de devenir mannequin, même si je sais que c’est très concurrentiel. Mais je suis très intéressé par le monde de la mode.
Gabriel, élève en Première
J’aimerai travailler dans l’export, car j’aime à la fois les voyages et le relationnel. Je vise un diplôme dans le commerce international, soit un BTS soit à l’IUT Paris Descartes. Pour ma famille, il est important d’avoir des diplômes. Mais pour moi, les diplômes ne sont pas toujours utiles, et travailler tôt permet d’apprendre plus vite. Mais il est possible que je tente une grande école de commerce après la fac, si cela me permet d’obtenir le job que je veux.
La crise touche surtout certains secteurs. Surtout, on trouve toujours du travail si on est réellement motivé. Mais il faut réellement avoir envie de travailler, et pas vouloir vivre des allocs. La réussite dépend de votre motivation, de vos relations, mais aussi du milieu d’où vous venez.
Louise, diplômée d’une grande école d’ingénieur en 2018
Etre diplômée d’une école d’ingénieurs représente pour moi une ascension sociale, car je viens d’un milieu modeste. Je me suis mise la pression pour beaucoup travailler et faire des études qui me permettent de ne plus avoir de problèmes d’argent.
Le marché du travail ne m’inquiète pas, et je n’ai aucune crainte pour trouver un travail. Sans rien faire, j’ai déjà reçu beaucoup d’emails me proposant un rendez-vous. Dans le choix du poste, mon premier critère sera l’intérêt du job.
Le problème est que j’hésite sur la voie à suivre. Dans le domaine qui m’intéresse le plus, j’ai réalisé lors de mon apprentissage que j’avais des lacunes, précisément que je ne maîtrisais mal les langages informatiques les plus utilisés, contrairement aux élèves venant d’autres formations. L’explication est que ces langages ne sont pas enseignés dans mon école d’ingénieur. Je ne suis donc pas satisfait de la formation que j’ai reçue dans mon école. Donc j’envisage un plan B : aller travailler dans un cabinet de conseil, ce qui me permettrait de voir différents postes, et donc de choisir une voie.
Lucas, diplômé d’Assas en économie-gestion en 2019
Mon but est de partir en retraite à 40 ans, en ayant mis le maximum d’argent de côté. Faire des affaires m’a attiré très tôt. Enfant, je faisais déjà de la vente en porte à porte de produits que j’avais confectionnés.
La fac et l’école de commerce permettent tous les deux d’aboutir à la fin aux mêmes postes. Mais j’ai choisi la fac car je ne voulais pas démarrer dans la vie avec un emprunt pour payer 15.000 euros par an d’école de commerce. Mais j’envisage de faire un mastère spécialisé dans une école de commerce pour avoir ce fameux label sur mon CV, et être recruté dans une belle entreprise. Le principal intérêt d’une école de commerce est de se créer un bon réseau.
Le marché de l’emploi en France me fait peur. Certains secteurs sont bouchés. Et avoir fait des études ne garantit plus de trouver un emploi. Certains trouvent des jobs payés au SMIC après 8 ans d’études. Comme ma cousine, diplômée de l’EDHEC Nice, qui a mis deux ans pour trouver un emploi dans le marketing, alors qu’elle doit rembourser l’emprunt fait pour payer son école. Face à cela, il faut se démarquer et ne pas hésiter à aller voir ailleurs. Mon but est de travailler à l’étranger, par exemple aux Etats-Unis, où l’on se base moins sur le diplôme initial qu’en France.
Rodéric, diplômé en droit d’Oxford en 2019
J’ai fait deux mastères 2 à Assas en droit des affaires et en droit bancaire et financier. Puis j’ai été admis à Oxford pour faire un mastère puis une thèse sur la régulation financière. Ensuite, je serai avocat et/ou j’enseignerai le droit.
A Assas, j’ai constaté une sélection terrible, très violente. Le nombre d’étudiants est presque divisé par deux entre la première et la deuxième année. Dire qu’il n’y a pas de sélection à l’université est une idée fausse. Mais personnellement j’ai adoré Oxford, qui est aussi un sésame pour aller travailler dans les grands cabinets d’avocats anglo-saxons, au même titre que toute année à l’étranger, de type LLM.
Les avocats ont des horaires très lourds. Il faut être totalement disponible, et accepter cette règle. C’est le principe des professions libérales, où l’on s’investit autant que l’on veut. Certes, dans les grands cabinets anglo-saxons de droit des affaires, les rémunérations sont élevées, mais les horaires sont effectivement très conséquents. Mais ceux qui consacrent autant d’heures à ce métier le font parce que le sujet les intéresse, et pas uniquement pour la rémunération. Mais beaucoup de jeunes avocats se remettent en question au bout de leur première année. Pour moi, l’épanouissement sera plus important que la rémunération
Romain, diplômé de l’IAE Aix Marseille en 2020
Il n’y a pas vraiment de différence entre un IAE et des écoles de commerce hors top 5 comme Skema ou Kedge. L’IAE permet d’accéder aux mêmes stages, tout en étant bien moins cher: seulement 4.200 euros par an. Mais il y a une différence avec les grandes écoles du commerce du top (Hec, Essec…), qui dominent notamment le secteur de la finance où j’aimerai travailler. D’autant que les recrutements y passent pas peu des offres d’emploi mais surtout par le réseau. Avoir fait ces grandes écoles du top 5 fait gagner du temps. Sans elles, c’est plus compliqué d’arriver sur les mêmes postes à la sortie de vos études. Cela vaut la peine de payer le prix qu’elles demandent. Mais c’est dommage que les entreprises accordent autant d’importance à ce critère sans s’ouvrir à d’autres profils.
Le marché du travail ne m’inquiète pas, les indicateurs sont bons. Mais le secteur est hyper concurrentiel entre les candidats. Les jeunes diplômés doivent être de plus en plus flexibles, faire des concessions en début de carrière. Par exemple, accepter un poste moins intéressant en sachant qu’on pourra changer au bout de 2,5 à 3 ans. Et faire des horaires importants en début de carrière ne me fait pas peur.
Tina, diplômée de PPA en 2020
Au lycée, je ne savais pas trop ce que je voulais faire. Une de mes profs me disait que je ne dépasserai jamais le bac, ce qui me démotivait. Ma conseillère d’orientation se basait uniquement sur mes notes, et pas sur mes envies, et donc j’en ressortais encore plus désorienté...
Finalement, je fais un mastère en commerce international chez PPA (Pôle Paris Alternance). J’apprécie la formation qui est peu théorique et très concrète, avec des stages et de l’alternance. Pour payer l’école, j’ai dû souscrire à un prêt étudiant de 10.000 euros garanti par l’Etat. Mais mes stages et alternances devraient financer une partie de l’école, et finalement je ne devrais avoir à payer que le 1er semestre, soit 3.700 euros.
Mais, si je n’avais pas trouvé de stage, je n’aurais pas eu les moyens de la payer moi-même, et donc j’aurais dû arrêter. J’ai fini par trouver un stage, mais cela a été difficile. J’ai envoyé une trentaine de candidatures, sans même recevoir la moindre réponse. Le problème est que les entreprises ont des exigences trop élevées vis-à-vis des stagiaires : elles veulent que les stagiaires viennent d’écoles prestigieuses ou aient déjà de l’expérience, et donc font un tri sélectif. Dans ma promotion, beaucoup ont donc renoncé à chercher un stage dans une grande entreprise, et se sont rabattus sur des start ups. Certains n’avaient même toujours pas trouvé à quelques semaines du début du stage.
Le chômage m’inquiète. Il y a beaucoup de diplômés de mastères qui ne trouvent même pas de travail. Le plus difficile est de trouver C’est d’autant plus difficile quand vous n’avez pas d’expérience,
Clément, diplômé de l’UTC de Compiègne en 2021
A la sortie de l’UTC, le délai moyen pour trouver un emploi est d’un mois. En effet, la crise impacte peu les ingénieurs, qui trouvent facilement du travail. Il y aura toujours des postes en informatique.
Créer une start up me tente bien, cela permet de changer les choses et de toucher à tout, ce qu’on ne peut pas faire dans un grand groupe. Mais la start up est plus éprouvante, plus risquée et moins bien payée. Et c’est plus facile de créer une start up à l’étranger, où les investisseurs regardent moins le diplôme et l’expérience.
J’ai envie de travailler plusieurs années à l’étranger, en Chine ou aux Etats-Unis. Aux Etats-Unis, on regarde plus les compétences que le diplôme, et on donne plus de responsabilités aux jeunes. Tandis qu’en France, le diplôme initial conditionne tout : le job, le salaire, la considération…
Brigitte, diplômée de l’IPAG en 2022
A l’origine, je voulais faire un bac professionnel, mais mes parents pensaient que je pouvais faire mieux. J’ai finalement fait un bac scientifique, mais je ne voulais pas faire d’école d’ingénieur, car je n’avais pas de bonnes notes en maths. Et j’ai aussi réalisé que c’étaient les diplômés d’école de commerce qui payaient les ingénieurs... Mais je n’ai pas voulu faire de prépa HEC, car l’enseignement est purement théorique, et vous prive de toute vie sociale.
Finalement, j’ai donc intégré l’IPAG. L’école coûte 10.000 euros par an, qui sont financés par mes parents, mais ça représente une dépense importante pour eux, et donc pour alléger cette charge, je vais essayer de trouver une alternance pour les deux dernières années d’école.
Mon objectif est de travailler dans la finance, où les salaires sont plus élevés. Il y a aura toujours de l’argent à investir, et donc toujours du travail dans ce secteur. Même s’il y a une nouvelle crise financière, ça sera transitoire. Et de toutes façons, on est déjà en crise, donc il n’y a pas de raisons de s’inquiéter encore plus.
J’aimerai aller travailler à l’étranger, en Suisse par exemple, car il y a trop d’impôts en France. Surtout, le travail n’est pas assez valorisé en France : les chômeurs préfèrent rester au chômage que de chercher un travail. Et une fois que j’aurais mis assez d’argent de côté, mon projet est de créer mon entreprise.