Trump confronté à ses promesses électorales
La victoire du milliardaire a surpris en France comme dans le reste du monde, et est expliquée par des causes multiples. Reste à savoir s'il tiendra ses promesses...
Comme dans le reste du monde, la plupart des jeunes français ont été surpris de la victoire de Donald Trump. "Je ne croyais pas du tout à son élection. Je me suis demandé ce que je n'avais pas compris", dit Louise, jeune diplômée des Mines. "J’ai été surprise, car je faisais confiance aux sondages. Mais les supporters de Trump ont visiblement été plus motivés", abonde Léa, étudiante à Dauphine. Une minorité s’y attendait, comme Laetitia, étudiante à Dauphine: "j’avais prédit sa victoire, car c’est dans la continuité du Brexit".
Une victoire qui reste incompréhensible aux yeux de certaines, comme Elie, jeune diplômé de l’Isep: "Je ne comprends pas ce vote. Pour moi, Trump est un comique qui fait peur et qui ne devrait pas être président, c'est le plus gros cliché américain. C’est drôle que Trump se soit présenté comme candidat anti-système, alors qu’il s’est enrichi grâce au système". A Dauphine, Claire est "étonnée que tant de femmes votent pour Trump".
La faute au système électoral ou à Hillary Clinton?
D’autres expliquent ce résultat par des raisons techniques, comme Alizé, étudiante à Dauphine: "ce résultat est dû au système des grands électeurs. Le résultat aurait été différent avec un suffrage direct comme en France".
Pour Geoffrey, diplômé des Mines, "ce sont surtout les démocrates qui ont perdu beaucoup de voix. Hillary Clinton, bourgeoise de la côte Est, ne faisait pas très peuple, devait assumer un bilan démocrate mitigé, et représentait la continuité, car elle est au pouvoir depuis une éternité".
Mais pour Martine, étudiante à Dauphine, "c’est une victoire du populisme. Trump est un démagogue qui prétend vouloir redonner la splendeur perdue". Sa camarade Théa ajoute: "Trump a reçu les voix par des gens qui ne comprennent rien à l’économie, comme le FN en France".
Louise abonde: "Trump était le candidat qui faisait le show, suscitait le buzz... Malheureusement, cette élection s'est jouée sur des critères superficiels, et des questions basiques, comme plus ou moins d'immigration. Et hélas, l'immigration rapporte plus de voix que n'importe quel autre sujet".
"Le bon discours pour la bonne cible"
Pour Geoffrey, "son succès montre finalement que Trump n’est pas un taré mais un génie: il a trouvé le bon discours pour la bonne cible, il a dit aux Américains ce qu’ils voulaient entendre. Un discours un peu raciste mais pas trop, donnant l’illusion de pouvoir revenir à la grandeur passée du pays".
A Dauphine, Marthe voit dans ce résultat "un ras le bol des citoyens contre la politique traditionnelle et l’establishment". Pour son camarade Thierry, "Trump représente l’Amérique profonde. Son programme comprend des mesures qui plaisent à la plupart des Américains qui souffrent encore de la crise de 2008".
Laetitia approuve: "Une partie de la population américaine se sent exclue, craint la perte de souveraineté, reste attachée à ses frontières. En face, Hillary Clinton était trop proche du pouvoir en place et de la finance". "C’est une victoire des ruraux, un retour au conservatisme et au protectionnisme. C’est le symbole de l’épuisement du capitalisme", dit Florence, étudiante à Dauphine.
"Une large partie de l’électorat populaire ne se sentait représentée ni par les Républicains ni par les Démocrates, qui les ont abandonnés, analyse Mathilde, diplômée de Sciences Po. Trump, en bon businessman, a vu ce marché potentiel et a proposé une offre politique pour cet électorat populaire. Trump –et aussi Sanders- étaient les seuls à répondre à la détresse de cet électorat. Trump a mis au cœur de son discours les problèmes économiques, et mis de côté les valeurs morales qui sont le cheval de bataille traditionnel des Républicains".
"Opportuniste et usurpateur"
Mais, au final, peu croient que Trump tiendra ses promesses. "C’est un programme démagogique qu’il n’arrivera pas à mettre en œuvre", dit Thierry. Même son de cloche chez Mathilde: "c’est un opportuniste, un imposteur: il n’appliquera pas son programme car il n’y croit pas lui-même, et aura besoin du Parti républicain pour gouverner. Il reconduira donc un programme Républicain classique". Pour Geoffrey, "il va seulement faire du protectionnisme soft comme le faisait Bush. C'est un peu un usurpateur: il n’a jamais été le candidat du peuple, ni eu de convictions fortes. Le risque est que ses électeurs soient déçus, et votent la prochaine fois vers un candidat encore plus extrême".
Mais chacun tire des conclusions différentes de cette élection: Pour Martine, "cela montre que les médias peuvent se tromper et que le FN peut arriver au pouvoir en France". Inversement, Elie souligne que "le système électoral français est différent, ce qui devrait empêcher les extrêmes d’arriver au pouvoir". Pour Louise, "cela montre que notre vision des Etats-Unis se limitait à la vitrine de New York et de la Californie".