Bouygues n'avait pas le choix
C’est un grand délire complotiste qui saisit la socio-sphère depuis 24 heures sur les contreparties que l’état aurait accordé à Bouygues en échange de sa participation dans Alstom. En fait, il semble bien que Bouygues n’avait pas le choix, et que l’état le protège bien plus qu’il ne le sert
Arnaud Montebourg est tellement content de son deal qu’il a vendu la mèche : «c’est Bouygues qui a une obligation de nous vendre, ce n’est pas nous qui avons une obligation d’acheter (…) alors, si nous décidons d’acheter dans les mois qui viennent, ce sera 35€, mais rien ne nous y oblige, nous pouvons attendre 20 mois, et là, la participation de M. Bouygues n’aura plus aucune garantie de prix, ce sera le prix du marché. Mais nous pouvons aussi commencer à acheter quand nous le voulons et à qui nous voulons, selon notre stratégie » (RMC/BFMTV ce matin)
Et c’est clair qu’il peut être content. Le beurre (deux administrateurs dès aujourd’hui et une place de choix au cœur d’Alstom, parce que Bouygues lui « prête » sa participation) , l’argent du beurre (l’agence des participations de l’état garde la main sur la constitution de la position et la montée au capital, or elle a prouvé à de nombreuses reprises qu’elle faisait très bien son travail, "il n'était pas question pour nous d'accepter l'obligation d'acheter quoi que ce soit au dessus du prix du marché" nous dit une source au contact direct du deal ), le sourire de la crémière, ou plutôt le soulagement de Martin Bouygues qui commençait à redouter une situation bien compliquée à gérer pour l’ensemble de son groupe
Et c’est bien pour ça qu’il accepte le deal, parce que François Hollande en avait fait la condition sine qua non d’un accord avec General Electric, or Bouygues voulait absolument récupérer le cash lié à cet accord et qui sera en partie distribué dans un dividende exceptionnel
De plus, le prix de façade à 35€ évite une nouvelle dépréciation de cette participation, dans un bilan déjà très chahuté par les télécoms. Dans deux ans on refera les comptes, mais la situation des uns et des autres sera peut-être alors radicalement différente.
Bref Bouygues achète du temps. On sait que ça n’a pas de prix. Pas sûr du tout que l’Etat ait eu besoin de mettre dans la balance d’autres contreparties