Traquer le moindre Euro du CICE
Vous reprendrez bien un petit contrôle ? Ben oui, ça manquait, voilà le contrôle CICE en plus de l’URSSAF et du fisc. Ah, j’oubliais, à priori il est illégal, mais vous pensez bien que tout le monde s’en fout.
Je sais, ce n’est pas si grave. Je tiens à le dire au début de ce billet pour n’affoler personne. L'assemblée vient de composer une mission d'information sur l'utilisation du CICE. Ce n'est pas si grave parce que les chefs d’entreprise sont 1/ malins 2/ habitués à ce genre de manœuvre, et donc beaucoup m’écrivent qu’ils ont dès le début prévu la ligne CICE dans l’ensemble de leurs comptes (on n’est plus à ça près) sachant bien qu’un jour un contrôleur se pointerait.
On ne l’attendait peut-être pas si vite. Et puis surtout on ne l’attendait pas comme ça. Bien sûr, la loi avait prévu un comité de suivi présidé par une personnalité désignée par le Premier ministre, comité composé pour moitié de représentants des partenaires sociaux et pour moitié de représentants des administrations compétentes. Vous noterez qu’on ne parle pas de parlementaires, et surtout pas d’élus qui se revendiquent tranquillement inquisiteurs : « nous allons traquer le moindre Euro distribué dans le cadre du CICE » dit un de ses membres de la mission qui s'est quand même formée. Dans sa grande sagesse, le législateur avait soigneusement écarté les parlementaires de toute possibilité de contrôle( Art 66 titre V) Il avait parfaitement compris que si le CICE devenait un objet politique, son existence même était en jeu.
Et pourtant il l'est devenu, objet politique, et c'est évidemment inquiétant. Inquiétant qu’il soit impossible d’accorder la moindre confiance aux entreprises, inquiétant parce que cela invalide automatiquement toutes les promesses que pourra encore faire l’exécutif. Vous imaginez, s’il n’est même pas capable de respecter celle-là? Le CICE, Hollande, c’est son bébé. Le seul truc peut-être qui restera. Et, il l’a martelé, pour tout le monde, sans conditions. « Allez-y » disait Pierre Moscovici, « accumulez des créances sur l’Etat, n’ayez pas peur », et BPIfrance qui se mettait en 4 pour le préfinancement.
Foutaises ! Parce qu’à quoi ça sert de « contrôler » l’utilisation du CICE ? « A faire des études macro » me répond-on parfois. Vous rigolez ? Le truc démarre à peine, en fait il n’a tout simplement pas été utilisé par beaucoup de ceux qui l’attendent encore, parce que les chèques n’arrivent pas.
Contrôler, ça sert à redresser. Point barre. Je ne vois rien d’autre. Avouez que dans le climat on en avait besoin ! Comme choc de confiance ça se pose là ! Vous aviez besoin d’un levier d’investissement ? Vous ne l’aurez pas ! Seuls ceux qui sont à l’agonie vont le demander, comme on boit de l’eau saumâtre en plein désert. Parce qu’on n’a pas le choix.
J’aime bien l’image qu’utilisait ce matin le député UMP Olivier Carré : « les entreprises sont encore en guerre, encore au front, et à l’arrière on leur envoie sans arrêt des messages contradictoires ». A ce moment là vous êtes tenté de déposer les armes.
Ce n’est pas si grave ? Ce n’est pas si sûr