Energie, Environnement, on pourrait changer la question?
La conférence environnementale a l'ambition de poser les question de fond sur la "transition énergétique". Fort bien. Le problème, c'est que ça n'est vraiment pas le moment
C’est un raz de marée : « Les Français, très soucieux d'écologie, attendent au premier chef de la conférence environnementale des décisions concernant l'impact de l'environnement sur la santé mais aussi sur la transition énergétique » nous dit une batterie de sondages (j’ai devant moi celui de l’IFOP et du WWF).
-74% pour une obligation de rénovation thermique de tous les bâtiments
-72% pour l'interdiction "définitive" de l'exploration et exploitation des gaz de schiste
-65% pour l'interdiction des forages en haute mer
et emballez, c’est pesé !
Mais quelle était la question ?
Si je vous soumettais celle-là « attendu que le prix de l’énergie est un des facteurs essentiels de localisation de l’industrie, faut-il développer les sources alternatives les plus couteuses ? » ça ne change pas un tout petit peu la donne ? « Sachant que les contraintes écologiques pèsent pour environ 15% dans les coûts de construction, faut-il imposer dès maintenant la rénovation écologique des bâtiments ? »
Penser aux filières industrielles
Il ne s’agit pas de faire de la provocation, ça n’a aucun sens, il s’agit juste de poser les termes du débat. Pour l’immobilier c’est simple : il est beaucoup trop tôt pour imposer quoi que ce soit. La filière industrielle n’est pas prête, on va tordre le marché, gonfler une bulle qui nous explosera en pleine face, comme le fait en ce moment celle de l’énergie solaire. Parce qu’il faudrait peut-être en tirer les conclusions de ce qui se passe avec le solaire : « on » ne « crée » pas une filière industrielle, même en Chine, c’est le marché qui le fait. Au mieux on crée les conditions favorables à son développement.La planète ne peut-elle vraiment pas attendre encore quelques mois?
Pour l’énergie, juste rappeler ce que personne ne rappelle, si ce n’est par exemple Jean Pierre Clamadieu le patron de Solvay (chimie) : « pour moi le coût de l’énergie est beaucoup plus d’important que le coût du travail dans les décisions de localisation industrielle. La France bénéficie aujourd’hui de coûts d’électricité très favorables, il serait dommage de toucher à cet avantage compétitif ».
Le problème c’est qu’on se trompe de débat, qu’on est en train de nous noyer sous des études et des estimations sur le « coût réel » du nucléaire (en prenant en compte par exemple le coût de démantèlement des centrales) par rapport aux renouvelables qui seraient en fait moins cher. Why not ? Mais on s’en fout ! la réalité c’est le prix de l’électricité maintenant, qu’elle soit indirectement et même involontairement subventionné par EDF est le cadet des soucis des industriels qui tirent leurs marges au maximum.
Avouez qu’il est quand même dingue d’en être à réfléchir à un choc fiscal de compétitivité, et de ne pas débattre du choc inverse que représenteraient des coûts d’électricité en hausse, même s’il s’agissait d’un légitime retour à la « vérité des prix ».
En fait, et pour être bien clair, la question qu’il faudrait poser à l’ouverture de cette conférence, n’est pas celle de la transition énergétique indispensable, personne ne le nie, c’est la question du timing. C’est de savoir si notre planète de 4 milliards d’années est à ce point menacée qu’on ne puisse pas attendre la sortie de crise, avant de prendre des décisions qui impactent la croissance