De l'air pur, Barack !
A un an et demi de la conférence de Paris sur le climat, la donne serait-elle en train de changer ? Barack Obama se lance ouvertement dans la bataille contre le charbon. Les Républicains s'opposent à toute nouvelle loi sur le changement climatique. Peu importe, le président américain décide de passer en force.
Barack Obama a choisi de mettre en place de nouvelles normes sur les émissions des centrales à charbon. Cette énergie fossile est, rappelons-le la plus émettrice de gaz à effet de serre. L'Agence de protection de l'environnement doit dévoiler aujourd'hui ses propositions pour une réduction drastique des émissions de CO2 pour l'ensemble des centrales thermiques existantes. Elles représentent 40 % du total des émissions aux États-Unis. Dans les faits, Washington va fixer des objectifs de réduction d'émissions à chaque État américain. Il va leur laisser une grande latitude sur la façon de les atteindre. C'est là que le doute peut s'installer. C'est un challenge car ce sont des centaines de centrales à charbon réparties sur le territoire qui fournissent environ 37% de l'électricité du pays. Viennent ensuite le gaz naturel et le nucléaire."Il y a, à travers le pays, de nombreuses centrales à charbon qui sont vieilles et inefficaces, les nouvelles normes auront un impact sur les arbitrages à venir en termes de fermetures", estime Kevin Kennedy, du World Resources Institute.
Des exportations dopées ?
Barack Obama passe en force en s'appuyant sur la Loi sur la propreté de l'air (Clean Air Act). Le président américain n'y va pas avec le dos de la cuillère. Pour lui, le changement climatique n'est plus "une menace lointaine" mais une réalité. "Nous limitons les quantités de produits chimiques toxiques - tels que le mercure, le soufre et l'arsenic - que les centrales peuvent rejeter dans l'air ou l'eau. Mais elles peuvent rejeter des quantités illimitées de CO2 dans l'air. Cela n'a pas de sens". Ces nouvelles normes doivent encourager l'innovation mais les opposants brandissent le spectre de la disparition de milliers d'emplois. Une certitude, les USA vont certainement plus volontiers exporter leur charbon dont l'Europe est encore très friande. L'Allemagne en tête après son renoncement au nucléaire. Il n'est pas certain que les intentions de Barack Obama suffisent à changer la donne dans un climat politique tendu aux États-Unis mais l'impulsion est donnée. Et surtout c'est une vision long terme qui se dessine. De quoi susciter un bel enthousiasme.