Le pari d'un choc de confiance
les réactions individuelles des patrons (j'en ai croisé une dizaine depuis hier soir) vont toutes dans le même sens: un immense soupir de soulagement. Le pari c'est de le transformer en impulsion
« J’en étais malade, vraiment, tout l’été je me suis dis –mais c’est pas possible, ils vont pas me faire vendre ma boite », c’est le patron de Paprec qui raconte, ce matin, « on parlait de taxer l’outil de travail, pour moi ça voulait dire un ISF de 3 millions, je gagne 10 fois moins, j’aurais fait comment ? Et puis ça partait dans tous les sens. J’ai des ambitions pour Paprec, je veux passer au milliard de chiffre d’affaires, mais j’ai réuni les gosses (c’est le capitalisme familial, il parle comme ça le patron de Paprec, et ça fait du bien) et on a décidé d’être prudent, mais là franchement c’est bon, c’est même formidable, je crois qu’on a président qui pourrait devenir le Gerhard Schröder de la France »
Il y a tout dans ces quelques lignes, non ? D’abord, oui, le fait le gouvernement a déconné à plein tubes dans les premières semaines (dsl) , mais aussi le fait que l’on vit une période inouïe depuis la remise du rapport Gallois, et qu’au-delà du choc de compétitivité, le Président de la République est peut-être en train de réussir un choc de confiance
Réussir le Crédit d'Impôts
Le crédit d’impôt en est la pierre angulaire. Et visiblement Hollande l’a compris. Le message vers les députés était très clair « c’est mon idée », et ça veut dire bas les pattes ! « ce crédit d’impôt sera simple, sans contrainte administrative, il sera rapide et supérieur à toute autre formule ». (le truc dingue, c’est qu’il n’y a rien à changer à un papier écrit, il y a une semaine sur le dispositif, et rien que ça, ça nous change !)
Un élément important : en disant cela, François Hollande accepte que les banques soient des bénéficiaires importantes de ce crédit d’impôt. Et il exige des députés qu'ils avalent ce chapeau-là. Ce n’est pas rien. En échange, il peut leur dire qu’il préserve la demande, on sait qu’ils y tiennent. C’est l’explication que m’apportait le député-économiste Pierre Alain Muet : « si l’on avait baissé les charges, il aurait fallu compenser sur le budget de l’Etat pour rester sous les 3% de déficit public, on aurait alors pris le risque de provoquer un choc récessif. C’est comme pour la TVA, oui on se contente de reporter d’un an une forme de TVA sociale, mais cette année 2013 est trop importante pour qu’on prenne le risque de fragiliser la demande »
L’enjeu est très important. Si le gouvernement tient ses promesses là-dessus, il peut en partie rallumer la machine. Parce que j’en reviens à mon patron de Paprec, il nous dit clairement qu’il a décidé de mettre le pied sur le frein, et l’on tient là l’une des explications de la très forte dégradation de l’emploi sur le 3ème trimestre