Transition douloureuse ?
Le débat sur la transition énergétique s'ouvre officiellement ce jeudi. Une première réunion du comité des experts pour une société plus sobre et moins dépendante des énergies fossiles et du nucléaire. François Hollande a promis pendant sa campagne de réduire de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la production électrique française à l’horizon 2025. Est ce que l'on est vraiment en bonne voie ?
Il y a l'affichage mais quand on regarde dans les faits on se pose des questions. La conférence environnementale de septembre dernier annoncée à grand fracas a finalement peu parlé d'énergies renouvelables. En ce qui concerne l'éolien, on a annoncé la disparition des fameuses ZDE Zones de développement éolien très critiquées car à l'origine de multiples retards. Mais pas de calendrier précis. Les lourdeurs administratives freinent le secteur, il faut parfois 18 mois à deux ans pour développer un projet en France quand il en faut 3 fois moins en Allemagne.
Du côté du solaire de grandes centrales photovoltaiques sur toitures devraient voir le jour. Le gouvernement parle d'un cadre réglementaire stable, transparent et favorable aux investissements. Dans le même temps les tarifs ont été baissé une nouvelle fois sans consultation. Les syndicats du secteur se demandent alors pourquoi parler de débat.
On le sait les énergies renouvelables coutent encore cher mais la parité réseau n'est pas loin pour certains, 3-4 ans encore. A-t-on encore le temps, les moyens d'attendre ?
Là où le bat blesse, c'est que le débat est clairement polémique. Dès l'annonce de la composition du comité de pilotage des sages, 6 au total, les associations Greenpeace et les Amis de la Terre sont montées au créneau. Pascal Colombani l'ex-administrateur général du Commissariat à l'énergie atomique sera finalement remplacé par Georges Mercadal ancien vice-président de la Commission nationale du débat public et Michel Rollier ex PDG de Michelin. On compte aussi dans ce comité des sages Anne Lauvergeon l'ancienne patronne d'Areva. Evidemment on parle de mix donc le nucléaire reste encore bien présent.
Ajoutez à cela les industriels qui s'inquiètent, EDF, GDF Suez ont été clairs. Ils mettent en garde contre le risque de revirements de politique énergétique qui viendraient leur compliquer la tâche. Le nucléaire est "un bien précieux" car il constitue le socle de la compétitivité de l'électricité française, a estimé hier Henri Proglio, le PDG d'EDF.
Et si on ajoute le cout pour le consommateur on comprend bien le casse-tete. Les investissements sont lourds, qui va payer ?
Delphine Batho affirme qu'à l’issue du débat, "il y aura des recommandations sur la base desquelles le gouvernement rédigera la loi de programmation pour la transition énergétique" . Autant dire que l'on peut s'attendre au mieux à une application pour 2014. Le débat est nécessaire mais je ne pense vraiment pas que l'on soit au bord d'une révolution énergétique...