Crowdfunding : “un financement rapide et simple pour les entreprises”
Fabrice Odent est associé, responsable du secteur Banque chez KPMG. Mikaël Ptachek est Senior Manager chez KPMG, spécialiste Fintech. Ils s’intéressent notamment au secteur du crowdfunding, qui a progressé de 40% en 2016 selon le dernier baromètre annuel du crowdfunding en France.
Le crowdfunding progresse fortement. Comment l’expliquer ?
Le crowdfunding ou “financement participatif” est un système relativement récent, mais en très forte croissance. Comme le montre notre étude, ce mode alternatif de financement des entreprises a progressé de 40% l’année dernière. Cela témoigne d’une très belle dynamique. Les besoins des entreprises, l’appétit des investisseurs et la simplification des formalités ont permis de faciliter le développement du secteur. Nous avons pu constater que pour un nombre croissant d’entreprises, le crowdfunding est devenu une source de financement considérée parmi les moyens disponibles.
Pourquoi les entreprises recourent-elles au crowdfunding ?
Aujourd’hui, le crowdfunding est intéressant parce qu’il est rapide et simple. Pour se financer dans le système traditionnel, les entreprises doivent déposer des dossiers, répondre à des offres, garantir des fonds, faire preuve de patience… Le crowdfunding offre une plus grande souplesse et raccourcit les délais : les plateformes disposent d’équipes qui analysent et notent le projet des entreprises puis le proposent aux investisseurs. Une entreprise peut ainsi lever des fonds en quelques semaines. Certes, le coût de ce financement est parfois supérieur à ce que l’on pourrait trouver sur le marché (banques, fonds, etc…), mais la rapidité est un critère décisif pour beaucoup d’entreprises.
Pourquoi les particuliers sont-ils séduits ?
Le premier facteur de motivation des particuliers qui investissent via le crowdfunding est le rendement de l’opération : il peut atteindre 4% à 5% selon les projets et les sites, dont les analystes qualifient le niveau de risque. Ensuite, la qualité et la diversité des projets – culturels, financiers, associatifs – sont de véritables atouts. Enfin, l’usage, le côté digital, rapide, sans papier, plaît beaucoup, et surtout à la nouvelle génération. On sent que la dynamique est forte. Il y a ainsi une nette hausse du nombre de financeurs. Fin 2016, on dénombre en cumul plus de 2 500 000 financeurs individuels de projets de crowdfunding. Si l’on compare ce chiffre au nombre d’actionnaires individuels en France, environ 3 millions, c’est très intéressant.
Pensez-vous que cette dynamique va se poursuivre ?
Ce qui est remarquable c’est que le secteur français du crowdfunding est à peu près au même rythme de croissance soutenu que le secteur britannique, vrai référent européen, avec deux ou trois ans de décalage. Outre-Manche, le secteur a presque doublé chaque année pour atteindre 3,2 milliards d’euros en 2016. Si nous avons la même progression, nous pourrons dépasser les 2 milliards d’euros d’ici deux ans. La France est le premier pays après l’Angleterre au niveau européen. On sent une réelle appétence, à la fois du côté de l’offre et de la demande. Si les fondamentaux du secteur demeurent, il n’y a aucune raison pour que la dynamique s’essouffle !