“Paris est une place forte du capital-risque”
François Bloch est associé et responsable du marché des entreprises de croissance chez KPMG.
En quoi consiste le capital-risque ?
Le capital-risque consiste à financer de jeunes entreprises innovantes ou à fort potentiel de croissance par une prise de participation temporaire au capital.
Pourquoi recourir à ce type de financement ?
Le capital-risque a un double intérêt. Il est à la fois attractif pour les fonds d’investissement, mais aussi pour les entreprises innovantes en recherche de capitaux.
Grâce au capital-risque, les fonds peuvent espérer investir dans des entreprises à forte croissance et réaliser ainsi de beaux investissements, avec la promesse d’un ROI profitable. Les projets les plus prometteurs viennent ainsi compenser les pertes éventuelles générées par les projets les moins rentables.
Le capital-risque est également très recherché par les sociétés qui ont besoin de capitaux pour se développer et conquérir des marchés. En effet ces entreprises n’ont pas encore accès aux marchés financiers et le financement par endettement n’est pas toujours très approprié
Comment se porte le secteur ?
Le capital-risque se développe à grande vitesse. Les financements ont en effet connu une forte croissance dans le monde depuis 2010. Le nombre d’opérations est passé de 8 459 à 13 665 en 2016, avec un triplement du montant des investissements à 127 milliards de dollars (contre 45 milliards de dollars en 2010). Seul bémol, l’année dernière, tous les marchés, Etats-Unis, Europe et Chine en tête, ont enregistré une chute des investissements (-10%) et du nombre d’opérations (-24%). A noter que l’année 2015 avait été une année record, ce qui permet de mieux comprendre et de relativiser cette baisse.
Et du côté français ?
La France a profité de cette dynamique globale et a fortement progressé depuis 2010. Elle a même mieux résisté l’année dernière que les autres pays, notamment en Europe, où elle talonne désormais l’Allemagne sur le montant des investissements (1,6 milliard contre 1,9 milliard de dollars). La France est devenue une figure incontournable du marché du capital-risque en Europe. En 2016, 310 deal ont été conclus en France, contre 345 en Allemagne. L’écart se réduit ! Les efforts restent toutefois encore importants pour rattraper le Royaume-Uni, qui reste largement en tête avec 860 deal l’année dernière, et 3,1 milliards de dollars d’investissement.
Quelles entreprises recherchent les « capital-risqueurs » ?
Les opérations de capital-risque en early stage ciblent essentiellement les start-up et les jeunes pousses. Ce sont celles qui ont le plus besoin de capitaux, que ce soit à leur lancement ou dans les années qui suivent, jusqu’à ce qu’elles aient atteint leur rentabilité. Ce qu’il y a de notable dans le secteur, c’est que depuis 2010, la taille et le nombre des opérations n’ont cessé de croître. Nous avons en effet constaté une augmentation de la taille médiane des deal à tous les niveaux, que ce soit en amorçage, en early stage ou en later-stage, preuve que la demande est croissante et que le secteur du capital-risque a de belles perspectives devant lui.
Il faut distinguer les opérations en early stage des opérations en later-stage. La première catégorie cible les startups et les jeunes pousses. Nous constatons que depuis un an les opérations d’early stage enregistrent une baisse, les fonds préférant se concentrer sur le later stage. Une des explications pourrait être une volonté de minimiser les risques de financement en raison de changements économiques et surtout politiques, particulièrement en Europe. D’autre part, nous constatons dans le monde entier une augmentation de la part des Corporates Ventures, ainsi qu’en Europe une augmentation des investissements des fonds US qui profitent d’une valorisation moins élevée des entreprises qu’aux Etats-Unis.