“Une PME accélère sa croissance avec une IPO”
Jean-Pierre Valensi est associé au sein du cabinet KPMG, spécialisé dans les opérations de marché. Avec ses équipes, il aide notamment les PME à préparer et réussir leur introduction en Bourse.
Qu’est-ce qu’une IPO ?
Littéralement Initial Public Offering, c’est une opération financière qui permet à une entreprise d’introduire une partie de son capital sur les marchés réglementés ou non réglementés mais régulés. C’est une opération parfois complexe et qui génère de l’intensité au sein de l’entreprise, c’est la raison pour laquelle il est préférable de la préparer à l’avance. C’est souvent un moment où elle franchit un cap, notamment au plan de son organisation, de son reporting et de sa gestion, de sa communication et de sa gouvernance Les dirigeants sont amenés à travailler avec des partenaires nouveaux qui l’accompagnent dans le projet. Elles peuvent aussi faire le choix d’émettre des obligations ce qui évite la dilution des actionnaires non souhaitée dans certains cas. Notre rôle est d’accompagner et d’aider les PME à réussir leur levée de fonds sur les marchés.
Quel intérêt pour une PME de s’introduire en bourse ?
Il y a plusieurs avantages pour une PME. D’abord le financement, parce qu’une IPO permet de lever des fonds pour financer une croissance organique, un développement à l’international, des investissements de production ou d’innovation. Ensuite, une IPO peut aussi permettre soit d’organiser la sortie de certains actionnaires, des fonds d’investissements ou des actionnaires familiaux par exemple, soit pour se désendetter. Enfin, une introduction en Bourse donne une nouvelle dimension à une entreprise. Elle lui donne de la visibilité et de la crédibilité. Les PME cotées sont beaucoup plus visibles, leurs comptes et leur performance sont publics. Ce sont des éléments qui rassurent les investisseurs ainsi que toutes les parties prenantes de l’entreprise. Elle permet notamment d’attirer des clients, de solidifier les relations avec ses fournisseurs, de recruter des talents.
Pourquoi préférer une IPO à d’autres formes de financement ?
Le private equity ou le rapprochement industriel sont les principales alternatives aux IPO. C’est un véritable accélérateur de croissance pour une PME, cependant c’est un outil financier qui n’a pas les mêmes conséquences pour une entreprise, notamment en matière de management. Le fait de recourir à du private equity implique qu’une partie conséquente de l’actionnariat, jusqu’à 30-40%, passe sous contrôle d’un fond qui va prendre part aux décisions stratégiques de la société. L’avantage de l’introduction en Bourse, c’est qu’il y a plus de libertés pour le chef d’entreprise, les autres actionnaires étant dilués. Par conséquent, un chef d’entreprise qui préfère garder son indépendance et poursuivre le développement de son entreprise va privilégier une introduction en Bourse. La Bourse offre également une liquidité des titres que les autres solutions n’apportent pas. L’ensemble de ces possibilités ne sont cependant pas exclusives les unes des autres, elles peuvent se compléter ou se succéder.
Le marché des IPO de PME est-il dynamique ?
Si nous regardons ce qui s’est passé en 2016, nous pouvons dire que la grande majorité des sociétés qui se sont introduites en Bourse étaient des PME. Au plan sectoriel, ce sont pour la plupart des biotechs, suivies par les tech, l’industrie et l’énergie. Quels que soient les secteurs, ce sont des PME de croissance avec beaucoup de savoir-faire et de compétences. Dans l’ensemble, l’année 2016 a été marquée par un net repli, avec moins d’IPO de grosses sociétés, provoqué successivement par le ralentissement de l’économie chinoise, le Brexit, les élections présidentielles américaines puis le référendum italien.
Comment voyez-vous le marché en 2017 ?
Maintenant que les incertitudes économiques se dissipent un peu, nous constatons un regain d’appétit des entreprises pour les IPO. Dans ce contexte, les marchés parisiens devraient montrer une assez bonne dynamique en terme d’introductions en bourse pour les mois à venir. Les secteurs porteurs restent les Biotechnologies et les Technologies. Les Fintech qui cherchent à accélérer leur développement de façon autonome pourraient s’intéresser à la bourse. Des PME qui interviennent dans les secteurs industriels et de la distribution réfléchissent également à une cotation. La dynamique revient progressivement.