« Une scale-up c’est une start-up qui a grandi très vite »
François Bloch est associé et responsable du marché des entreprises innovantes chez KPMG. Il accompagne notamment les start-up dans leur phase de croissance pour leur permettre de devenir des scale-up.
Tout d’abord qu’est-ce qu’une scale-up ?
Il n’y a pas de définition mais des faisceaux d’indices. Les “scale-up” sont des entreprises jeunes et extrêmement dynamiques qui ont su prouver la robustesse de leur business model. Elles ont déjà un chiffre d’affaires annuel supérieur à cinq millions d’euros, avec une croissance annuelle d’au moins 10 à 20% sur les trois dernières années. Ces entreprises bénéficient d’une capacité d’innovation très forte. Une scale-up c’est une start-up qui a grandi très vite et qui a démontré son fort potentiel.
Qu’est-ce qui différencie une scale-up des autres entreprises ?
C’est d’’abord sa capacité à innover et à s’internationaliser, à se tourner vers l’extérieur et à conquérir des marchés. C’est une start-up qui a réussi à trouver des relais de croissance à l’étranger ou via des nouveaux marchés locaux. Une scale-up est aussi capable de trouver des financements grâce à la qualité de son business plan.
Quel est le principal défi pour devenir une scale-up ?
La professionnalisation de la gouvernance est un enjeu majeur. Les dirigeants doivent s’adapter à la croissance de leur entreprise et passer du management de projets au management des talents sans toutefois perdre l’agilité de la start-up.
Comment KPMG accompagne-t-il les futures scale-up ?
Notre rôle est précisément d’accompagner ces chefs d’entreprise et de les conseiller au quotidien, notamment en les aidant à gérer cette transition managériale. Du point de vue financier, nous les aidons à mettre en place les outils de pilotage adaptés pour optimiser la gestion de l’entreprise. Les process mis en place ne doivent pas entraver la capacité d’innovation mais permettre une croissance harmonieuse et sous contrôle : une croissance démesurée, mal maîtrisée peut s’avérer néfaste, voire faire exploser une start-up en plein vol. Nous accompagnons par ailleurs les start-up sur la financiarisation de leurs business model, c’est-à-dire sur leur capacité à produire du cash. Nous aidons également les entreprises à mettre en place leurs plans de financement, à structurer leurs opérations de haut de bilan et de croissance externe. Plus largement, nous les accompagnons sur toutes leurs problématiques stratégiques, financières et comptables, tout au long de leur cycle de vie…
Le cadre français est-il favorable aux scale up ?
Contrairement à ce que l’on peut entendre parfois, la France a un écosystème des start-up très vertueux. Il est assez simple pour une start-up innovante avec un business plan solide de trouver des financements de 200 à 300 000 euros de départ. L’impact positif des aides et subventions doit néanmoins être renforcé par des dispositifs ciblés pour les scale up. Depuis 2 ou 3 ans, certains programmes d’accélération tentent justement de booster la croissance de certaines start-up très prometteuses. Il est important de bien identifier dès le départ les dirigeants qui sont taillés pour l’hyper entrepreneuriat, ce n’est pas donné à tout le monde.
Quel est l’intérêt pour la France d’avoir des scale up ?
Il y a un effet d’entraînement. Aux Etats-Unis, les plus grosses capitalisations sont des scale up, des “licornes” qui se sont rapidement développées et qui tirent l’économie vers le haut. En France, il faut souhaiter la même dynamique pour éviter que les GAFA et consorts ne prennent toutes les parts de marché. Nous devons aider ces champions de demain, c’est ce à quoi KPMG travaille. Nous avons d’ailleurs organisé l’année dernière avec CroissancePlus la première édition des Scale Up Awards qui ont mis à l’honneur de très belles scale-up françaises comme Esker, Linkfluence, Scality et Visiomed, qui a été élue scale up de l’année 2016.