J’en peux plus des Start up
La France couve. Elle incube. Quand est-ce qu’elle accouche ?
Bon, le titre est évidemment provocateur, et me permet d’ailleurs de vous informer d’une nouvelle initiative, avec Orange, « Hello Start up » pour promouvoir sur BFMbusiness et BFMTV le dynamisme, l’invention, l’optimisme et la volonté de changer le monde, autant de valeurs qui sont au cœur des projets des Start uppers
Mais c’est le discours institutionnel qui tourne à vide, et nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Dit en une phrase : la France est en train de multiplier les incubateurs, les couveuses, mais refuse de comprendre qu’elle condamne les entreprises à l’avortement.
Bien sûr on ne peut que louer le concept de « Start up nation », et l’ensemble des efforts de Fleur Pellerin. Mais à un moment, il faut quand même mettre les pieds dans le plat : ce ne sont que des mots. Et en Californie dans la semaine on va les répéter jusqu’à l’écœurement. Mais rien, dans notre écosystème, n’a changé au point de favoriser tout à coup l’éclosion d’une nouvelle dynamique.
En fait, c’est même le contraire. Et là il faudrait que le gloubi boulga idéologique montebourgien se mette au clair
1/comment est-ce qu’on traite le capital international?
2/comment est-ce qu’on traite la concurrence ?
D’abord le capital. Une Start up ça commence comme une course de vitesse, mais très vite arrivent de considérables besoins de financement. Oui ou non est-on prêt à laisser les entreprises se financer là où elles le peuvent ? Dans un formidable texte qui raconte la saga Criteo, Marie Ekeland, investisseur de la première heure, raconte parfaitement comment l’Amérique, et elle seule, a donné à l’entreprise la structure qui lui a permis de devenir une ETI (entreprise de taille intermédiaire) mondialisée. La France en aurait été incapable. Est-ce qu’on accepte le risque du départ ? Parce qu’il ne sert à rien de pleurer sur la faiblesses de VC (venture capitalists) en France, c’est un fait, lié d’ailleurs à l’étroitesse du marché, il faut en tirer les conséquences et affirmer que la « start up nation » est une nation grande ouverte sur le monde, qui laissera filer ses enfants prodigues, même ceux qu'elle a soutenus par des financements publics (i repeat for the record:"même ceux qu'elle a soutenus par ses financements publics") sachant qu'au bout de la terre ils resteront français, sachant que leurs exemples feront naître un cercle vertueux qui seul, alors, développera un capitalisme national
Ensuite la concurrence. Comment imaginer qu’une Start up puisse « grandir à l’ombre des grands groupes » ? Ça n’existe pas. Les grands groupes tuent l’innovation. Elle les dérange. Au mieux ils l’endorment. Deezer et Dailymotion sont-elles vraiment dans les meilleures conditions pour se développer à l’abri du parapluie Orange ? Oh c’est sûr, rien de grave ne peut plus leur arriver, mais justement, sans le danger permanent, le management est-il toujours aussi affuté ? Je n’en sais rien. Je remarque juste que ce modèle n’a pas d’équivalent dans le monde. C’est mauvais signe
Or M. Montebourg veut « organiser les ententes ». C’est totalement incompatible avec une start up nation
Ou plutôt non, c’est incompatible avec une « grow up nation », avec une nation qui aurait compris qu’une Start up ne sert à rien, mais vraiment à rien, si elle ne porte pas en elle le projet de dominer le monde. C’est bien l’entreprise de taille intermédiaire, aucune autre, qui sera créatrice de marges, d’investissements et d’emplois, or elle n’apparaît jamais dans le discours politique.
Bien au contraire, nous retrouvons le culte des oursons, des chatons « c’est mignon à cet âge-là, dommage que ça grandisse ». Quand le start upper bobo se transforme en patron encravaté il cesse de plaire aux élites politiques.
Donc oui, j’en ai marre des start up, ou plutôt de la façon dont elles servent de prétexte à l’absence de réelle politique économique