Le Québec "tombé en amour" pour les Français

Le nouveau gouvernement québécois veut réduire ses quotas d’immigration mais la mesure ne concerne pas les travailleurs français qui restent les bienvenus.
Des travailleurs français, de préférence qualifiés, le Québec ne s’en refuse pas. Si parmi les principales volontés du premier ministre du Québec, figure celle de réduire considérablement le nombre d’immigrations, il s’autorise un léger écart avec les cousins venus de France. Pourquoi? Car le nouveau gouvernement élu en octobre en a tout simplement marre de constater une perte de la langue de Molière et une baisse de la main-d’oeuvre.
Lors de sa visite en France fin janvier, le premier ministre François Legault a assuré que les travailleurs français correspondaient aux profils les plus recherchés par les employeurs locaux. Il a par ailleurs dénoncé un «trop plein» de travailleurs étrangers ou non qualifiés dans la province de Québec. «Quand on regarde la situation de l’immigration au Québec, le problème que je vois, c’est qu’il y en a trop qui ne sont pas qualifiés et trop qui ne parlent pas Français ou n’acceptent pas d’apprendre le français», a-t-il déclaré sur Radio Canada.
Les entrepreneurs sur la liste des invités d’honneur
Cet appel, les Français ne peuvent que bien le prendre. D’autant qu’ils sont de plus en plus nombreux chaque année à vivre le rêve canadien. Ces dix dernières années, la communauté française a pratiquement doublé.
Le Québec a aussi décidé lors de son passage à Paris, qu’il tendrait les bras aux entrepreneurs français. «Vous voulez investir en maximisant les rendements et en diminuant les risques ? Il y a un nouveau gouvernement québécois prêt à vous accueillir à bras ouverts", a lancé François Legault depuis la Bourse de Paris.
Autant d'incitations qui peuvent motiver les Français à créer une entreprise au Québec. Surtout que les charges financières sont plus basses de l'autre côté de l'Atlantique. Sachant qu'il faut ajouter aussi la relative faiblesse du dollar canadien par rapport au dollar américain et à l'euro. C'est le secteur des technologies qui en tire particulièrement profit. «J’ai obtenu l’aide du gouvernement pour comprendre le système des taxes (à travers des formations gratuites) et l’inscription de l’entreprise au registre ainsi que les différentes démarches provinciales et fédérales ont été faites en 5 jours», raconte le jeune entrepreneur français Rami M’Rad, fondateur de l’agence de communication Mazette à Montréal.
La fiscalité est moins lourde qu’en France et moins coûteuse qu’aux Etats-Unis. Avec un taux d’imposition de 15% sur les bénéfices contre plus de 40% aux USA, le Canada est un eldorado. À cela s’ajoute un point essentiel: les charges patronales sur les salaires dont le chiffre, 15%, est largement inférieur à ce qu’on peut voir en France.
« Il y a tellement de différence entre le système de travail français et le système québécois. À Montréal, il faut être bilingue. Les messages et courriels doivent être courts, mais précis. La ville se veut innovante et les entreprises aussi. Bref, rien n’est impossible. En France, beaucoup de mes amis ont beau être en CDI, ils se plaignent de ne pas aimer leur boulot. Ici, il y a réellement un marché de l’emploi. Si tu n’aimes pas ton job, tu le quittes et tu commences ton entreprise si tu le souhaites», veut croire Rami M’Rad.
Une vraie considération
Pour faciliter encore plus les choses, plusieurs organismes soutiennent l’implantation des nouvelles entreprises. Des start-up telles que Adopt Inc ont été conçues spécialement par des entrepreneurs pour les entrepreneurs. Celle-ci offre leur offre une contribution annuelle de 24.000 dollars pour lancer une société. “J'aurais tellement aimé pouvoir me concentrer sur mon produit au lieu de devoir travailler" estime le fondateur d’Adopt Inc dans un entretien à L’Express Emploi, lui même ayant été confronté aux aléas de la démarche entrepreneuriale.
Y a-t-il seulement un hic? Pas un, répond Rami M'Rad qui incite ses compatriotes à le rejoindre. «Montréal est une ville attractive où le talent est reconnu peu importe le 'background' que tu as. C’est une ville qui encourage la jeunesse», lance-t-il comme un ultime appel.