20 millions en claquant des doigts
Les entrepreneurs sont là. Courageux, innovants. Des particuliers, par milliers, rêveraient des les accompagner. Le succès de l’opération 3 minutes pour convaincre qui revient ce lundi sur BFMbusiness (7h40) est là pour en témoigner. Mais ce n’est cruellement pas suffisant. Nos petits bras doivent trouver des relais
Parce qu’à la fin, ce serait si simple, vous savez. Suffit de donner envie. Bien sûr que c’est un boulot énorme que de recevoir ces dossiers, les analyser, les comparer, les sélectionner. Et ça c’est le bonheur. L’horreur, comme pour tout, c’est le back office, les experts à réunir, les rv impossibles à trouver, les tonnes de papier dans l’impression des dossiers, la maintenance d’un site internet… c’est tout ça 3 minutes pour convaincre
Mais bon dieu que ce jeu là vaut toutes les chandelles de la terre : 20 millions levés sur 3 ans
On a quelques gros dossiers, Prêt d’union (« nouveau modèle bancaire », la plus grosse levée de fond d’une start up internet en 2011), Openways (système d’ouverture des portes de chambre d’hôtel avec le portable, 2 heures après être venu nous voir, le patron sautait dans l’avion pour aller signer avec Holiday Inn, j’avoue qu’on n’y est pour rien, simplement le signe qu’on ne s’était pas gouré), Corso Magenta (ça, c’est tout simplement indescriptible en deux lignes, une nouvelle forme de peinture, un truc à ce point innovant qu’il faut le voir pour le croire), Qooq (lui il est passé partout, la tablette de la cuisine, bientôt, j’en suis sûr, Oprah Winfrey dira qu’elle a changé sa vie) etc… je pourrais aussi vous parler des chaussures de Tanya Heath, de la lingerie d’Yse, des idées d’HA+ PME, des promesses de Sentinelo… (60 dossiers déjà, seuls 10 n’ont pas tenu le choc) mais ce n’est pas l’essentiel
L’essentiel, c’est que je trouve dingue que notre petite entreprise ait permis de lever près de 20 millions d’euros ! Dingue qu’il faille le dévouement d’une poignée de croisés de l’entreprise (citons les 2 principaux, Isabelle Vendeville, Thibault Lanxade, les autres me pardonneront) pour établir ce contact entre des entrepreneurs affamés et des particuliers assoiffés. Affamés de capital, assoiffés d’aventure.Parce que c’est l’une des clés de cette idée merveilleuse : c’est aux particuliers que l’on s’adresse. Et c’est l’une des clés du blocage : en France ils n’ont aucun outil pour investir en direct quelques dizaines de milliers d’Euros. Personne ne s’en est préoccupé. Comme si c’était du temps perdu. 20 millions d’Euros levés en 3 ans vous montrent que ça ne l’est pas. C’est d’ailleurs assez ballot, avouez le : on met en place une défiscalisation de l’ISF pour ceux qui investissent dans des entreprises de croissance, mais on ne prévoit aucun dispositif ad hoc. Le capital c’est comme l’eau, il choisit la voie la plus simple, et le voilà pour embellir les monuments historiques ou les marinas outre-mer, parce que là, tout est prévu
Investir en direct, sans les grilles de lecture, les « frais de gestion » (un autre nom pour le brigandage de grand chemin) et les retour sur capitaux des fonds d’investissement, sans avoir besoin de risquer des millions, juste goûter le parfum de la dernière aventure moderne, celle de l’entreprise.
Et bien, c’est un parcours du combattant. Nous-mêmes, nous avons dû sans arrêt faire attention aux pièges réglementaires. Et pourtant, le patron de l’Association Nationale des Conseils Financiers nous disait la semaine dernière que la demande des clients se multipliait, « le marché action reste trop inquiétant, l’assurance vie est à l’arrêt, l’entreprise, la vraie, l’investissement direct retrouve droit de cité ». Bien sûr que pour les entrepreneurs, ça n’est pas non plus une sinécure que de devoir organiser des assemblées générales avec les petits investisseurs qui, tous, ont une idée très précise de ce qu’il «faudrait faire », mais c’est une clé de liberté et d’indépendance.
Il y a urgence à mettre en place des outils simples pour le faire
« Le seul risque que prend vraiment l’entrepreneur, c’est le risque d’être heureux », me disait l’un de nos experts, Christian Baumard, producteur à succès de « Scènes de ménage », pourquoi aucune grande télé ne veut-elle de ce qui serait un « Koh-Lanta de la croissance », un «Survivor de l’emploi », « Les anges de l’avenir du pays ». BFMbusiness c’est bien, mais ce n’est pas à la hauteur du défi
Samedi soir avec les mômes on a regardé « The Voice », bien sûr. Quel bonheur, quel enthousiasme, quelles émotions. Ne me dites pas que la France ne s’intéresse pas à l’entreprise, ça ne veut rien dire. Je rêve de «The $tart Up ! » Avec Nikos ! Je me contenterais du rôle de Jennifer