Auto-entrepreneurs, c'est à se les mordre!
Oui, voilà. Désolé mais ça met en colère. Parce qu’on est au comble d’un processus totalement absurde qui va ramener des dizaines de milliers de personnes vers le chômage
Mais comment est-ce seulement possible ? Voilà un gouvernement qui s’installe et qui découvre un véritable « mouvement de foule ». Oui, quand on commence à compter par centaines de milliers les auto-entrepreneurs, il est indéniable qu’il faut s’en occuper, et vérifier ce qu’on appelle les effets de bordure. Très bien.
En plus les corporations installées s’inquiètent. Normal.
Donc on commande un rapport. Lourd rapport. Remis à 6 ministres, mobilisant les services de l’inspection générale des finances et de l’inspection des affaires sociales. D’autant plus lourd que, disons-le, les organismes sociaux n’ont pas accueilli dans l’allégresse la création de ce nouveau statut.
Résultat : 28 recommandations. Techniques pour la plupart (elles sont là)
Mais une phrase très claire : Recommandation n° 10: Ne pas limiter dans la durée le bénéfice du régime et ne pas modifier les règles de radiation du régime.
C’est clair, non ?
Hé bien le gouvernement va pourtant faire le contraire.
Pourquoi ? Parce qu’il est sous la pression des artisans. Je vous la fait courte, mais on dit beaucoup que les entreprises de BTP aujourd’hui sont sous le coup d’une concurrence déloyale, les auto entrepreneurs ont une fiscalité plus légère, pas de TVA, moins d’obligations. Quelle est la réalité de ce phénomène ? L’IGAS la juge « résiduelle ». Là aussi, il est clair l’adjectif, non ?
Résiduel. J'ai été regarder dans 3 dictionnaires, jamais on ne dit que c'est important. c'est résiduel. En clair: on s'en fout. Et ne me dites pas que l'IGAS ne sait pas de quoi elle parle quand elle parle du contrôle des chantiers.
Et d’ailleurs les recommandations 14 et 15 du rapport des inspections publiques demande « le respect des qualifications professionnelles, l’immatriculation au registre des métiers, l’obligation de dispositifs d’assurance ». (1)
Hé bien, le gouvernement va aller plus loin, et limiter le statut à 2 ans quand l’auto entrepreneur en fait son activité principale.
C’est à se les mordre, parce que cette décision absurde est synonyme de dizaine de milliers de chomeurs supplémentaires. Aussi simple que cela. Mais je vous explique.
Tout vient, je l’admets, d’une confusion portée par le nom du statut. On aurait dû l’appeler auto employé. Mais les promoteurs du statut avaient de hautes ambitions. Pourtant, une grande majorité de ceux qui ont développé leur activité ne sont pas effectivement des entrepreneurs, en ce sens qu’ils n’ont pas d’autre ambition que de s’assurer un salaire décent, ou pas. Et c'est un peu le problème. Beaucoup de ces auto-entrepreneurs ne gagnent pas le SMIC et la ministre Sylvia Pinel a du mal à admettre que l'on puisse résister à l'assistanat, du mal à admettre que l'on puisse se contenter de peu et que l'on considère que c'est le prix de la liberté. Pourtant ces auto entrepreneurs n’investissent pas, ne le feront jamais, ne prennent pas de risques. Il essaient juste de vivre. A leur façon.
Mais bon dieu où est le problème ?
Pourquoi ne pas les laisser bosser ?
Ce sont évidemment les plus fragiles qui sont dans cette situation, pas les consultants, les libéraux, qui font des piges sous ce statut en complément de leur activité principale.
Menacer de chômage les plus fragiles. C’est sérieux?
Je n’ose pas le croire. Il est largement temps d’arrêter cela.
(1) "les auto entrepreneurs représentent actuellement 0,6% du chiffre d'affaires des entreprises classiques de moins de 5 salariés, ces données tendent donc à relativiser la portée et l'effet d'une distorsion de concurrence" IGAS
"on ne constate pas de corrélation entre la croissance du nombre des AE et les infractions au travail dissimulé" IGAS