La Chine pourrie à la racine ?
La Chine fascine. Cette super puissance économique du 21ème siècle et ses 1,3 milliards d'habitants. En 30 ans elle s'est hissée au deuxième rang des économies mondiales. Mais le pays court-il au suicide écologique ?
En une dizaine d'années la Chine a plus que doublé ses capacités de fabrication d'engrais phosphatés. Elle est désormais leader. Le pays souffre même aujourd'hui de surcapacités. Conséquence: de graves pollutions dans plusieurs régions de Chine. En cause un sous-produit au nom barbare, le phosphogypse.300 millions de tonnes dans la nature, 200 kilos par habitant.
Quand on l'étudie de près, le cocktail est déconnant: arsenic, cadmium, chrome, mercure et autres métaux lourds très nocifs. Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. La Chine surpasse ainsi les États-Unis dans la production des gaz à effet de serre (GES).
Mais il ne faut pas se leurrer: c'est bien la pollution des sols qui est la plus inquiétante. Près de 89 % de l'eau potable des 7 principaux fleuves et rivières de Chine sont impropres à la consommation.
25 000 euros la nage
On en arrive même à des extrêmes. En février Xu Yihua, le chef de la direction de l’environnement de la ville de Rui’an Feiyun, en Chine assurait que la qualité générale était relativement bonne. Jin Zengmin, un chef d'entreprise chinois, a sauté sur l'occasion pour lui lancer un défi : se baigner vingt minutes dans la rivière qui traverse la ville, fortement polluée selon lui. En échange, l'entrepreneur s'engage à lui verser 25.000 euros. On attend encore un retour.
Dans le même temps, Pékin est en pointe en matière d'énergies renouvelables: solaire, éolien et barrages hydrauliques. Les autorités qui n'en sont pas à un paradoxe près livrent peu d'information sur les conclusions d'un grand recensement national des sols contaminés lancé il y a 6 ans pour 120 millions d'euros. Un lueur d'espoir: le conseil des Affaires d’État qui affirme vouloir juguler cette pollution croissante d'ici 2015 propose une enquête complète et la construction d'un réseau de surveillance. La pollution causée par les métaux lourds représente annuellement à elle seule la perte de dix millions de tonnes de céréales et la contamination de douze millions de tonnes de ces ressources. Et une lourde perte économique. Il va falloir mettre les bouchées doubles.