Cours camarade (2) !
Le document s’appelle « Game Changing », exercice de prospective édité par le Boston Consulting Group pour ses 50 ans. Evidemment comme tous les documents de ce type il est hautement contestable et l’exercice de prolonger les courbes est toujours très dangereux. On peut s’arrêter là. J’ai décidé de plonger dedans.
Et c’est l’accélération qui frappe! Accélération des changements, des prises de décision, "en 5 ans le monde a davantage changé que sur les 50 dernières années". On va le voir, les entreprises s’adaptent. Qu’en est-il des Etats, de notre Etat ?
Deux ruptures fondamentales, la digitalisation et le monde émergent. Evidemment. Mais quelques chiffres nous permettent de sortir des évidences. Exemple : dans 3 ans, 3 ans !! (oui, je répète), 3 milliards d’êtres humains seront en permanence connectés à Internet, et 80% de leurs connections passeront par le mobile.
Vous réalisez ? Tenez, les banques françaises commencent à réaliser, elles vont demain nous dire comment elles comptent résister au porte-monnaie électronique de Google. Et nos agences bancaires ? Quand vous voyez le développement foudroyant des services de transfert d’argent par mobiles… en Afrique. Ils ont là-bas les systèmes bancaires les plus modernes du monde (prenez un autre chiffre : dans 10 ans 90% des voitures mises sur le marché communiqueront directement avec d’autres véhicules et avec les bâtiments, et tirez-en les mêmes conclusions sur les transformations de business modèle)
Et c’est bien sûr là-dedans qu’il faut intégrer la révolution des objets connectés. Comment l’ensemble des industriels vont devenir des fournisseurs de service, puisque les objets qu’ils fabriqueront seront capables d’émettre et d’enregistrer des informations. L’exemple que prend Rafi Haladjian, l’un des prophètes de cette révolution, ce sont les fabricants de matelas qui vont devenir, au sens propre, des fournisseurs de sommeil. Et le Big Data… (je mets … parce que votre temps est précieux, mais est-ce que l’on réalise à quel point ces bouleversements surviennent tous en même temps, apportant tous des transformations dont personne ne peut encore imaginer l’impact ? J’ai des doutes. Et heureusement d’ailleurs, je pense que ça nous paralyserait)
Le monde émergent, maintenant : il va doubler la base de consommation mondiale dans les 15 ans ! Doubler.
La classe moyenne qui passe de 2 milliards à 4 milliards d’individus. Là encore, le rythme est invraisemblable. Qu’est-ce que ça change ? Tout ! Parce que ce nouveau consommateur deviendra le prescripteur et le concepteur de la demande mondiale. C’est bien dans ses bureaux d’études, pour ses habitudes de consommation, que seront pensés une grande partie des objets du futur.
D’ailleurs, les entreprises émergentes qui sortent aujourd’hui de leurs frontières, le font avec une profitabilité supérieure à celle des meilleures entreprises américaines, une moyenne de 10% du chiffre d’affaires en R&D, etc… (pendant ce temps, le BCG nous dit que le nombre de procédures, de niveaux hiérarchiques, d’interfaces, d’entités de coordination et d’autorisations nécessaires à la prise de décision, augmente d’environ 7% par an)
Ouf… pause… pourquoi est-ce qu’on accumule tout ça ? Oh attendez, j’ai oublié le meilleur : l’optimisme, 71% des consommateurs indonésiens, par exemple, pensent que la génération qui les suivra aura une vie meilleure.
Je dis ça pour vous préparer à la chute, elle sera brutale. Pendant ce temps-là, la France augmente la fiscalité sur les investissements à travers un impôt baroque sur l’excédent brut d’exploitation.
Je sais le rapprochement est facile. Je n’y peux rien, c’est l’actualité du jour