Le débat sur les heures sup est un débat fondamental
Ça n’a l’air de rien, et pourtant, la question de la défiscalisation des heures supplémentaires illustre à la perfection nos contradictions économiques
Fascinante séquence. Il ne va rien se passer et pourtant le monde économique ne parle que de ça.
Il ne va rien se passer sur les heures supplémentaires, malgré les déclarations récentes de quelques jeunes députés socialistes, reconnaissant que la fin de la défiscalisation était sans doute une "erreur".
Enfin pour être franc je n’en suis pas sûr. J’ai juste une indication qui vient du cabinet de Michel Sapin : « non, il n’y a rien de prévu sur les heures sup ».
Et c’est finalement assez logique, tellement le symbole est fort.
La défiscalisation des heures sup, dans le premier "paquet fiscal" de Nicolas Sarkozy en 2007, c’était l’incarnation d’un slogan : « travailler plus pour gagner plus ». Quel beau slogan !
Le débat n’est pas de savoir ce que Nicolas Sarkozy en a fait (pas grand-chose, malheureusement), le débat devrait être : pourquoi ce slogan n’appartiendrait-il pas à la gauche autant qu’à la droite ?
Mais ce débat n’aura pas lieu. Parce que la gauche n’est pas assez forte et claire avec elle-même, avec le monde du travail, avec le monde de l’entreprise, pour le récupérer, et que ce serait donc interprété comme un aveu de faiblesse.
Et pourtant. Cette histoire est au confluent de tous nos échecs économiques récents : le pouvoir d’achat, le coût du travail, la pression fiscale.
Regardez ce que m’écrit un petit patron de PME : « Exemple d'un de mes salariés : 2000 € nets - 60 € Heures Sup en moins. Mais il était en train de négocier un un achat immobilier, et bien ça lui fait 10.000€ de budget en moins. Il cherchait un budget à 140.000€, il est descendu à 130.000 k€… » Et oui, ce sont des réactions en chaîne qu’on ne soupçonne pas toujours.
Je sais que l’on peut en contester les vertus économiques. On me dit qu’elle ne crée pas d’emploi. Dont acte. Je continue à penser qu’un gain de pouvoir d’achat crée forcément de l’emploi quelque part. Mais bon. Ce qui est sûr en revanche c’est que sa suppression crée de la tension sociale. On me parle d'effet d'aubaine, je réponds effet de richesse.
On me dit que ça coûte une fortune, plus de 4 milliards. Bon. Je voudrais juste que l’on précise que l’on finance là, quand même, de l’activité réelle, de la croissance, de la création de richesse. Désolé, mais sur les Emplois d’avenir j’ai davantage de doutes. Rappeler aussi que l’on permet une baisse du coût du travail qui semble bien plus rationnelle que les milliards du CICE (on va quand même injecter 4 fois plus dans le CICE ! ). Rappeler enfin que les fonctionnaires en ont très largement profité, notamment les enseignants. Et donc, en net, il faudrait pouvoir déduire ce que l'état lui-même a gagné de ce côté là.
En fait cela résonne un peu comme l’histoire de l’auto entrepreneur. On part sur une posture politique : c’est la droite, c’est « libéral » donc c’est mal. Et puis on découvre qu’en fait, ceux qui sont réellement impactés, ce sont les petits. Pire encore, les petits qui cherchent à se battre. Les petits qui ne veulent pas s’en remettre à l’assistance, bref, une force dynamique, une force de rappel pour des partis politiques en perte de vitesse.
De jeunes députés socialistes ont senti qu’il y avait là matière à réflexion. Signe que l’expérience de l’exercice du pouvoir est salutaire