Notre destin se joue dans un taxi parisien
Après tout, on pourrait se dire qu’on s’en fout totalement des taxis parisiens. Sauf que non. Ce n’est pas un hasard si, depuis le rapport Rueff-Armand, ils sont le baromètre de notre volonté de réforme.
Or, visiblement, on se prépare à tuer dans l’œuf une activité naissante et pleine de promesse. Si l’on en croit le patron de la société Snapcar, le gouvernement est en train de préparer la mort des VTC, véhicule de tourisme avec chauffeur (son point de vue, publié ce week-end).
Je voudrais vous convaincre de l’importance des enjeux. Il y a d’abord, évidemment, les questions de compétitivité de la capitale. Il y a aussi, le gisement de croissance détaillé avec beaucoup de clarté par le jeune patron de Chauffeur privé.com (vous trouverez le détail ici, mais je vous le rappelle en une phrase : dans les capitales occidentales où on a libéralisé le secteur, les clients habituels ont multiplié leur trajets par 3 ! C’est bien le triomphe de l’offre qui fait grossir le gâteau)
Mais l’essentiel est ailleurs encore.
L’essentiel c’est que les taxis, à bon droit, revendiquent une rente de situation. Parce qu’ils ont dépensé des centaines de milliers d’euros pour s’acheter une plaque. Et que le problème de ces rentes, c’est que par définition elles ne tiennent pas compte de l’évolution économique. Il n’y a donc qu’une seule solution : les racheter ! Ce que devrait faire un gouvernement courageux et volontaire dans les réformes, c’est un chèque, une série de chèques, des milliers de chèques (et d’autres chèques sans doute pour les pharmaciens, les buralistes, les avocats, les notaires etc…).
Evidemment le montant reste à évaluer. Mais avant même de commencer, les gouvernants se disent que nous sommes trop idiots pour comprendre. Pas un n’imagine que l’on pourra expliquer calmement à l’opinion pourquoi ce système de rente est en train de nous tuer à petit feu.
Tenez, et si on le citait, le fameux rapport Rueff-Armand (1960) :"Il est aisé de constater qu'en fait, certaines législations ou réglementations économiques ont actuellement pour effet, sinon pour but, de protéger indûment des intérêts corporatifs qui peuvent être contraires à l'intérêt général et, notamment, aux impératifs de l'expansion"
C’est que pour cela, il faudrait détruire un à un tous les tabous qui fondent l’action économique en France depuis…. des lustres. Et notamment cette affaire de « partage », partage du travail, partage de la richesse. Si l’on rembourse les taxis, c’est que l’on comprend que l’économie est dynamique, que le travail appelle le travail, que le chauffeur privé qui va trouver un petit complément de salaire ira le dépenser à son tour, que la richesse n’est pas un gâteau que l’on partage, mais bien une création dynamique qu’il faut essayer de stimuler par tous les moyens.
Vous voyez l’enjeu ? Alors vous comprenez pourquoi, non, on ne doit pas s’en foutre des taxis parisiens.